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Chapitre 53

Bon... C'est le chapitre le plus dark jusqu'ici. Je préfère vous prévenir, le suicide, la drogue et les traumatismes seront abordés dans ce chapitre.
Bonne lecture <3

★

𝘒𝘐𝘌𝘙𝘈
⊹ ࣪ ˖

Notre passé est comme notre ombre.

Toutefois, nous arrivons à ne pas la voir, seulement quand il n'y a pas de lumière pour l'exposer. Elle est juste dissimulée durant certains moments, donnant l'impression qu'elle n'est pas là. Mais notre ombre continue de nous suivre, parce qu'elle fait partie de nous. Et elle parvient parfaitement à imiter nos faits et gestes dans les temps, seulement pour nous rappeler une chose : on ne peut pas s'en défaire.

J'ai commis l'erreur de vouloir fuir mon propre passé. Et honnêtement, j'ai toujours senti qu'il me poursuivait par derrière, mais désormais, il commence à me rattraper.

Ma main vient tourner le robinet de la baignoire pour la remplir d'eau. La température élevée du liquide provoque une montée de vapeur qui s'élève doucement dans les airs.

Je me débarasse lentement et difficilement de mes vêtements. Mon corps tout entier tremble encore, et je ne sais pas si c'est à cause du froid ou de la peur. La crainte d'admettre la vérité qui s'impose.

C'est de ma faute.

Ma tête tourne légèrement lorsque ma conscience émet cette phrase, si bien que je me sens obligée de m'appuyer au rebord de la baignoire. Quand l'eau s'arrête, mon corps dénudé rentre en contact avec l'eau chaude qui me brûle la peau sur le moment. Loin d'être dérangée, je continue ma manœuvre jusqu'à être partiellement immergée dans l'eau.

La tête basculée en arrière, je laisse le liquide me réchauffer le corps. En fermant les yeux, des images défilent sous mes paupières.

Des cheveux blonds, coupés au carré, qui virevoltent dans tous les sens. Des yeux bleus qui me scrutent avec malice. Une voix cristalline accompagnée par un air de guitare.

La seconde d'après, elle semble différente. Ses cheveux sont tintés de rouge, tout comme ses vêtements. Ses yeux sont livides et ont perdu leur éclats. Ils sont ouverts mais ils ne regardent pas vers ma direction. Quant à sa voix... Je ne l'entends plus.

Puis, elle change subitement d'apparence. Je vois une peau mate et des mèches noires de jais. Un visage magnifique... Enflé et écorché. Elle dort paisiblement sur un oreiller rouge.

Non, en fait, ce n'est pas un oreiller. C'est une flaque de sang. Qui ne tarde pas à former une marée de plasma et de globules rouges autout d'elle.

Je pousse immédiatement un cri. Il est inaudible, et le son est remplacé par une série de bulles d'air. Sans m'en rendre compte, ma tête a glissé dans l'eau.

Je regagne la surface en suffoquant, le cœur battant la chamade. Le silence dans la salle de bain est vite rompu par un sanglot de ma part. Suivi d'un deuxième et d'un torrent de larmes par la suite. Mon cœur éclate en mille morceaux. J'ai retenu toute cette peine pendant les deux dernières années et elle vient de redoubler d'intensité.

Thyl.
Di'.
Je suis désolée. Tellement désolée.

Je passe dix bonnes minutes à pleurer dans l'eau, le dos recroquevillé. Vidée d'énergie et de larmes, je me décide de sortir de mon bain et d'enrouler une serviette autour de mon corps.