Chapitre 2

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Jurençon dormait mal, terriblement mal. Il avait l'impression que sa tête avait été fracassée contre un mur, tant son mal de crâne était intense et son rêve confus. Même s'il savait que ce n'était qu'un rêve, il avait la sensation que même l'atmosphère autour de lui était pesante.

Il se rendit compte tardivement qu'il avait un faible goût de sang dans la bouche et et que le silence autour de lui était plus oppressant que d'habitude. Il ouvrit péniblement les yeux, cherchant ce qui avait bien pu provoquer son état.

Le jeune adolescent resta confus en voyant les murs sombres de la cave autour de lui. De vieux souvenirs refirent surface dans sa mémoire et il eut l'impression de suffoquer.

Il était resté dans cette cave les cinq premiers mois de cohabitation chez les Estaffes, cinq mois infernaux avant que Tybalt ne manque de le tuer dans les escaliers à l'étage. Leurs excuses maladroites s'étaient composées de paroles que le demi-Hélios avait à peine compris dans son état d'inconscience, et de la possibilité d'enfin avoir sa propre chambre.

Jurençon savait que pleurer ou supplier n'aurait servi à rien. La cave était solide à tous les coups, et aucun son ne passait au travers lorsque la porte était fermée à clé.

Qu'est-ce qu'il avait fait pour être enfermé ici ? Il avait été trop gourmand ? Trop insistant pour avoir du gâteau aux pommes ? Trop sarcastique finalement ? Trop faible ?

Peut-être tout à la fois. Peut-être que les Estaffes en avaient assez de lui et avaient décidé qu'il ne serait pas utile pour détruire l'Élite et qu'il valait mieux qu'il soit mort.

L'adolescent leva une main vers la porte de la cave, voulant l'ouvrir même s'il savait que son geste serait vain. Il se figea d'ailleurs en remarquant le sang séché sur sa main, sans qu'il n'y ait la moindre coupure. Hébeté, il passa son autre main dans les cheveux, essayant de se détendre avec ce geste familier, mais la sensation d'une nette plaie à l'arrière de sa tête lui fit un choc.

Tybalt l'avait blessé. Il avait projeté sa tête contre le mur. Il serait déjà probablement déjà mort, ou mourant s'il n'avait pas été à moitié Hélios.

Le souvenir de cette altercation violente lui fit l'effet d'un coup au cœur. Il n'y avait pas que Tybalt qui avait été dangereux, Richard lui avait attrapé le bras brutalement, comme s'il avait tenté de lui broyer les os et...

Il ne se souvenait pas bien de son expression quand Jurençon avait redressé les yeux vers le visage de l'homme. Est-ce que l'Hélios avait paru inquiet ? En colère ? Indifférent ?

Amusé ?

Jurençon toqua quelques fois nerveusement à la porte, sans percevoir quoi que ce soit en dehors de la pièce. Il sentit son souffle s'accélérer dans sa poitrine et sa gorge se serrer, étouffant un sanglot plaintif lorsqu'il ramassa des couvertures dans la pièce pour aller dans un coin où un matelas prenait la poussière.

Se blottir dans son ancien lit ne le détendit pas, ses larmes d'angoisse dévalèrent sur ses joues alors que la panique s'emparait de son corps.

Chaque seconde à n'entendre que ses propres battements de cœur et sa respiration le tétanisait, lui rappelant le jour où le cœur de sa grand-mère puis celui de sa mère s'étaient arrêtés.

Le laissant seul.

Tout seul.

— Jurençon, nous sommes là, murmura une voix en le tirant de son état.

Il continua à pleurer, croyant que ce murmure était un délire de son imagination. Cela lui était déjà arrivé les premières semaines après la mort de sa famille. Lorsqu'il ne percevait que le silence trop longtemps, son esprit lui jouait des tours pour tenter de le rassurer.

Le demi-princeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant