Chapitre 4

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— Mathieu Hidalf a accompli sa bêtise ! Le roi va avoir un héritier ! continuait de clamer quelqu'un.

Jurençon regarda la personne avec un mélange d'étonnement et d'admiration, avant de songer que sa phrase était impossible. Mathieu Hidalf était un génie, c'est certain, mais de là à réussir à faire se remarier le Grand Busier, veuf depuis quarante ans, et à ce que celui-ci ait un enfant, cela conférait au moins au rêve.

— Encore un qui a trop bu à la taverne après avoir perdu son pari, se moqua quelqu'un plus loin. Il est soûl...

Un journal atterrit sur la face de l'individu, alors que des vendeurs accouraient à leur tour, monnayant leurs papiers sans hésiter. Peu à peu, la foule s'enthousiasma face aux nouvelles, affolant Jurençon qui se sentait de moins en moins à l'aise face à tant de monde.

Il attrapa la manche d'Arthur sans y faire attention, restant près de l'Hélios en essayant de se cacher des humains autour d'eux, le rendant de plus en plus nerveux. Il sursauta quand William posa une main sur son épaule, comme pour le rassurer.

— Je vais chercher un journal, décida Richard. On ne sait jamais...

L'Astre du jour parcourait les mains si vite que Jurençon eu du mal à en lire les gros titres, malgré sa vision perçante. D'autant que plusieurs journaux titraient différentes annonces, comme si'l y avait eu plusieurs parutions au cours de la même journée. Il en repéra au moins trois différents : La bêtise de Mathieu Hidalf n'aura pas lieu, Louis Serra en danger : les Estaffes ont brisé leur serment, Un héritier pour le roi.

Le demi-Hélios resta interloqué face à ces annonces, ne sachant pas ce qui frappait le plus son attention. Richard revint vers lui avec une version de chaque journal, bradés pour un unique diamantor. Son visage modifié laissa voir une étincelle de gaieté, malgré le titre les accusant de la rupture du Serment rouge.

— Je pense que nous devrions aller récupérer notre petit butin... pour les paris, rappela-t-il à ses frères.

— Finalement, nous avons bien fait d'écouter Jurençon, se réjouit William.

L'adolescent sentit ses joues rougir un peu de fierté, comme si on lui avait fait un merveilleux compliment. Mais de la part des Estaffes, cela sonnait comme un remerciement envers lui, lui donnant l'impression d'avoir été véritablement utile.

Le bénéfice fut plus grand que ce qu'ils auraient pu espérer. La fausse annonce de l'absence de bêtise de l'enfant Hidalf avait provoqué la stupeur chez les parieurs la veille, et beaucoup avaient annulé leurs paris, donnant ainsi un change énorme pour ceux qui avaient perdu dans un premier temps. Leur dépôt d'argent n'était pas multiplié par trois, mais par douze, un véritable trésor pour la fratrie ! Presque trois ans d'argent envoyé par les Hélios de l'île !

Jurençon crut pleurer en prenant son propre dû. Soixante diamantors s'alignaient dans ses mains, avant que Tybalt ne l'oblige à les verser dans sa propre bourse, malgré l'indignation mal dissimulée sur le visage de l'adolescent.

— Je te rendrai tout quand nous serons rentrés, lui assura l'Hélios à voix basse. Mais pour le moment, tu n'as pas de bourse, ni l'habitude de porter de l'argent. Et avec cette foule, même en prenant en compte ta nature, tu te ferais subtiliser ce que tu portes par un voleur. Je ferai très attention, et si tu veux te payer quelque chose, je te donnerai ce dont tu as besoin, d'accord ?

Même s'il n'était pas enclin à faire confiance à son tuteur, ayant l'impression de voir le maléfice de Circé au travers de ses yeux, l'adolescent accepta finalement, sans pour autant accorder le moindre sourire ou remerciement à l'Hélios. Celui-ci grommela quelque chose au sujet de son impolitesse.

Le demi-princeHikayelerin yaşadığı yer. Şimdi keşfedin