Chapitre 6

38 6 7
                                    


Dans l'ensemble, les deux semaines s'étaient bien passées, et Jurençon admettait même que tout s'était déroulé bien plus positivement que ce qu'il n'avait espéré.

Si l'on exceptait le jour où il avait renversé de la soupe sur Tybalt.

Le demi-Hélios avait agi comme à son habitude avec les trois Estaffes déguisés. Poliment, de manière un peu plus confiante avec Arthur et William, il révisait consciencieusement et les Hélios lui faisaient réviser certaines choses tour à tour, variant les sujets pour vérifier qu'il retenait bien ses acquis, même si d'autres étaient passés entre-temps. Jurençon s'était senti prêt pour l'inspection des nymphettes du royaume.

Jusqu'à ce que l'une d'elle passe devant la fenêtre du petit salon, surprenant l'adolescent blond quelques instants, fasciné par la lueur qui émanait des ailes diaphanes. Il avait donc trébuché sur le parquet, renversant son bol de soupe sur Tybalt, qui se trouvait à côté de lui.

L'Hélios s'était redressé en prononçant un juron terrible, et le garçon blond avait songé un moment que sa maladresse venait de faire voler en éclats leur couverture.

Jusqu'à ce que l'Estaffes se détourne de lui pour disputer ses frères (en utilisant leurs faux noms) qui cachaient mal leur hilarité soudaine. Jurençon était même certain qu'Arthur n'avait rien fait pour cacher ses rires, là où William avait consenti à faire un effort, s'excusant pour lui et lui offrant de quoi se nettoyer au moins la figure le temps du repos.

Le « sale gosse » de Tybalt avait été accueillie par la nymphette venue les espionner, avec un petit rire qui n'échappa à personne, provoquant une bouderie plus intense de la part de l'Hélios tâché.

En dehors de cet incident, la nymphette n'avait pas interagi avec eux, ni réagi de manière vive, même la seule nuit où Jurençon avait été en proie à des cauchemars. William l'avait réveillé doucement et l'avait même un peu dorloté, jusqu'à ce que le demi-Hélios soit assez conscient de la situation pour virer à l'écarlate, sentant la honte envahir son corps. Mais l'Estaffes ne l'avait pas laissé tranquille avant qu'il ne soit certain que Jurençon n'allait pas avoir une crise de nerfs pendant les prochains jours face à la pression de la royale sélection.

La petite fée s'était enfuie deux jours plus tôt, et ils attendaient à présent la venue d'un garde royal pour les emmener au château du roi, afin de commencer la première épreuve. L'aîné du groupe avait décidé qu'ils avaient assez de temps pour se permettre de déjeuner, mais Jurençon le soupçonnait de vouloir l'occuper.

Contre son gré, le demi-Hélios battait des jambes sur sa chaise, jetait des coups d'œil  à la porte de la maisonnée, regardait avec attention les vignettes de son album de l'Élite comme si l'un des personnages pouvait en sortir et lui dire qu'il était pris dans l'école.

Il n'avait pas à être nerveux, même s'il ne devenait pas l'héritier du royaume, ça ne mettrait pas à mal ses efforts d'entrer dans l'Élite. Sa mission passait avant son aptitude à intégrer la famille royale.

Mais il savait que cela pourrait faciliter sa mission, si jamais il ne devenait pas Prétendant. Il pourrait agir au plus proche de la noblesse, à défaut d'agir sur l'Élite.

Le repas se finit au moment où on toqua à la porte et Arthur se redressa en premier, faisant entrer un garde royal, à l'épaisse moustache et au regard fatigué, tenant un parchemin en observant le groupe tour à tour.

— Par décret royal, je demande à Jurençon Olympe de me suivre, ainsi que son tuteur, Michael Blade... commença l'humain.

— Nous voulons les suivre, plaida Arthur avec un ton sérieux que le demi-Hélios ne lui avait jamais connu. Jurençon n'est pas notre fils, mais nous avons vu ce petit bonhomme grandir depuis des années, et nous voulons être avec lui, qu'il échoue ou qu'il réussisse.

Le demi-princeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant