Les Jumelles et l'Autre côté du Miroir (Hors Série) -TERMINE, EN CORRECTIONS-

Chapitre 3

Nous traversâmes en courant toutes les rues de la ville, perdus. Katherina affirmait sans le moindre doute que le Wind-Black se trouvait à environ cinq-cents mètres d'ici et que des Pirate nous y attendaient, dans les côtes Ouest. Nous pouvions donc nous y rendre à pied.
Essoufflée, j'essayais de suivre le rythme de mes camarades Pirate, qui couraient devant pour nous indiquer la route. Ceux-ci se montraient très compréhensifs ; ils essayaient de maintenir un rythme qui me permettrait d'avancer sans perdre connaissance en perdant trop de sang.
Les rares passants, encore présents, malgré le ciel noir d'encre et la pluie qui tombait comme des épées, s'écartaient de nous en vitesse, en hurlant.
Mais la route pavée me ralentissait ; je ne cessais de trébucher douloureusement sur les pierres, maintenant noires de pluie.
Soudain, alors que j'apercevais au loin un bar nommé Green Sing, quelqu'un arriva par la droite et se jeta sur moi. Nous roulâmes au sol, et je gémis de douleur. Le choc me coupa le souffle et je peinai à reprendre ma respiration.
La personne me plaqua au sol et tira un coutelas de sa ceinture. Il le pointa sur moi et cria à mes congénères :

-Pas un geste ou je la tue !

Mais ils avaient déjà tous tiré leur épée et la pointaient sur l'homme, que je reconnus immédiatement, avec sa longue tresse noire.

-Relâchez là. Fit l'un des Pirate, menaçant.

Tom grimaça et lâcha le coutelas à contre cœur.
Un autre prit la parole :

-Jure que tu ne feras pas d'histoires et de ne pas te rebeller.

Tom jura à contre cœur :

-Je le jure.

Mais tous attendaient la suite. Je souris. Tom grimaça :

-Sur mon honneur.

Puis, Estee banda ma blessure. Ainsi, j'arrivais beaucoup mieux à marcher. Et même à courir, un peu.
Nous partîmes donc en vitesse vers le navire de mon compagnon.
Une fois au port, nous nous précipitâmes vers le navire amarré loin de tous les autres. Je pouvais presque entendre la liberté m'appeler. Nous avions réussi à nous évader ! Le cœur débordant de joie et de soulagement, nous nous arrêtâmes juste devant le navire. Estee et Katherina se serrèrent dans leur bras et le capitaine souffla :

-Prends soin de toi.

Je fronçai les sourcils :

-Tu ne viens pas avec nous ?

Ils relâchèrent leur étreinte et la soeur sourit, remettant son chapeau en place :

-Non, je me plais bien ici.

Je souris à mon tour. J'aimais bien cette femme. J'espérais qu'il ne lui arriverait pas malheur. Cette séparation était presque triste. Mon cœur était serré et une boule s'était formée dans ma gorge. Pourquoi étais-je si triste ? Je ne la connaissais que depuis à peine une heure ou deux.
Estee ne semblait pas touché par cette séparation. Il s'agrippa au filet de pêche accroché à la proue de son navire et entama son ascension, suivi du reste de l'équipage. Lorsque tous furent montés, Katherina me tendit la main et sourit :

-Je suis sûre qu'on se reverra un jour.

Je souris à mon tour, lui prenant la main pour la serrer.

-J'en suis persuadée.

Je m'accrochai au filet alors que le navire quittait le port. La pluie avait cessé et le soleil réapparaissait.

Une fois sur le pont, je ne pus qu'avouer que ce navire m'avait manqué. J'étais heureuse de revenir à son bord.
J'inspectai un peu les lieux. Quelques traces de sang ici et là, signe de la bataille qu'il y avait eu avant notre capture. J'essayai également de repérer les matelots que Katherina avait envoyés ici. Il y avait notre propre équipage ; Vinss, le second, Carren, un homme muet et chauve aux allures de vieillard, les frères Drivers, des jumeaux, Righetti, maigre et squelettique et Birds, un petit homme quelque peu enveloppé avec une moustache blonde. Il y avait aussi les deux nouveaux marins de Katherina. L'un était trapu, avec une grosse barbe rousse et une jambe de bois qui émettait un "poc" à chaque fois qu'il faisait un pas, et le deuxième, le cheveu long et noir, qui était plutôt fin et arborait un air déterminé, les sourcils fronçés, un œil caché par un bandeau.
Je repérai Estee, à la barre.