Chapitre 9

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Une fois notre route reprise, nous avions à peine parcouru cent-cinquante mètres (enfin, je crois) que nous entendîmes des voix. Je pensais déjà à me cacher, mais si il y avait des gens et qu'ils nous voulaient du mal, je me ferais un plaisir de les embrocher. Les voix se rapprochèrent. À présent, j'entendais clairement la voix d'un homme :

-C'est forcément par là. Sinon, ça veut dire qu'on a une fausse carte.

Puis, j'entendis une voix de femme, déterminée et assurée :

-Mais bien sûr que non, tête de serpent !!

J'entendis à nouveau la voix de l'homme :

-Mais.....

C'est alors que je les vis. Il y avait un homme au cheveux bruns courts, une femme brune coiffée d'une tresse, avec des taches de rousseurs et elle était enceinte de... Je dirai de six ou sept mois. Son ventre faisait bien dix centimètres, alors que le mien faisait un centimètre (j'étais enceinte de deux mois).

À présent, nous étions dans une clairière espacée, et on se trouvait face à face. Estee, Talon et deux autres matelots de notre équipage étaient à mes côtés, observant les deux inconnus. Ceux-ci étaient habillés en aventuriers, explorateurs. Ça leur allait plutôt bien. Eux aussi nous observaient. Après quelques minutes de silence et d'observation, je dis à mon équipage :

-Venez, venez, on continue.

Nous reprîmes notre route. Mais alors que l'on s'apprêtait à quitter la clairière, Talon s'arrêta net. Je le regardai. Ses yeux gris étaient fixés sur quelque chose que tenait la femme exploratrice. C'est alors que je la vis : une boussole en argent, garnie de pierres précieuses. J'eus beaucoup de mal à me retenir. Mais ce ne fut pas le cas de Talon : brusquement, il se jeta sur l'exploratrice. Celle-ci s'écarta de justesse et rangea précipitamment sa boussole. L'homme abattit violemment son poing sur le nez de Talon. Je n'eus pas le choix ; je dégainai mon épée et me jetai dans la bataille. Mes trois compagnons restant firent de même.

Je me jetai sur la femme. Je lui fit manger toutes les techniques de combat que je connaissais, mais elle les esquiva toutes. Je me rendis soudain compte que j'y prenais du plaisir ; je rencontrais enfin une femme qui arrivait à ma hauteur. Je lui dis, un sourire malin au lèvres :

-Nous sommes dans la même difficulté !

-Ah oui, laquelle ?

-Nous portons un enfant !

Elle ne répondit pas. Elle s'arrêta, tout simplement. Je fis de même. Je lui dis alors :

-Évitons de tuer nos progénitures, ce serait bien.

Elle acquiesça, mais se ravisa et dit en me donnant un violent coup de poing :

-On peut tuer la progéniture si celle-ci devient un voleur et un imbécile, comme ses parents !

Je tombai à terre, sonnée. Je m'assis, mais quand je voulus me lever ensuite, je m'arrêtai net. La femme avait un pistolet pointé sur moi. Aïe. J'allais mourir.

L'exploratrice dit, la voix emplie de haine et de soif de vengeance :

-Adieu, Pirate.

Elle avait bien appuyé sur le dernier mot. Mais au moment où elle s'apprêtait à tirer, Estee arriva de nulle part et abattit sur le crâne de l'exploratrice un énorme coup de poing. Il me prit par le bras et me tira en arrière. Je me levai avec difficulté, comme il me faisait avancer. Nous courûmes pour prendre la fuite mais l'explorateur s'interposa soudain entre nous et l'issue de la fin de la clairière. Sans perdre un seul instant, nous voulûmes partir de l'autre côté mais l'aventurier donna un violent coup de poing sur le nez de Estee. Celui-ci se mit à saigner abondamment et se fit éjecter un mètre plus loin de son agresseur. Il ne tomba même pas, même si je le sentais quelque peu sonné. Il tituba, comme s' il avait bu dix bouteilles de rhum d'affilé. Sans perdre un instant, je le pris par la main et nous courûmes jusqu'à la fin de la clairière. Une fois que nous fûmes bien éloignés de nos agresseurs, je m'arrêtai, à bout de souffle. Je vis alors avec soulagement que Rymy et Pèlerin (un homme à la jambe de bois et au crâne à moitié chauve, car il avait des cheveux autour du crâne mais pas au-dessus) nous avaient suivis. Je regardai autour de moi. Je n'y vis que forêt sombre et feuilles foncées, car la nuit tombait. Mais c'était étrange. Parmi le fouilli de branches et de feuilles, je distinguais de la lumière qui perçait. Mais je dis quand même à Estee en le secouant par l'épaule, pas très sûre de moi sur le moment :

Les Jumelles et l'Autre côté du Miroir (Hors Série) -TERMINE, EN CORRECTIONS-Where stories live. Discover now