CHAPITRE 55

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Sans prendre le soin de frapper, Dorabella ouvrit la porte de la deuxième pièce qu’elle entendait Emilia Baxter aménager quelques heures plus tôt, et comme elle s’y attentait, c’était sa chambre à lui. La chemise défourrée, il était en train de retirer sa ceinture. Il ne prit même pas la peine de relever la tête pour la voir.

Elle resta sur le seuil.

— Aleksandr…

— Retourne te coucher, dit-il simplement d’une voix froide en se levant tout en retirant les boutons sur le poignet droit de sa chemise en lui tournant dos.

— Il faut qu’on parle.

— Parler ? Maintenant tu as envie de parler ? Je te rappelle que tu as quitté tout un continent pour ne plus avoir à ne serait-ce que me voir.

Pieds nus, il retira sa chemise, restant dorénavant torse nu, son pantalon de costume gris lui tombant sur les hanches avec sensualité.

— Je te jure que je voulais te le dire, mais je ne savais pas comment.

— Je suis enceinte aurait à mon humble avis été une phrase on ne peut plus claire, gronda-t-il en se retournant pour la fixer froidement. À la place tu es partie. Et avec quelles ambitions Dorabella ? Tu comptais faire quoi au juste ? Allais-je tout simplement voir sur le pas de ma porte une personne inconnue dans vingt ans qui me dirais que j’étais son père ? ou pire, tu comptais ne jamais me le dire ? Faire croire à ce bébé que son père ne voulait pas de lui ? Donner un autre père à cet enfant ? Pourquoi pas ce satané italien qui rêve depuis la nuit des temps de te baiser.

Sa colère était palpable. Il avança sombrement vers elle, et elle ne put que lui montrer un regard honteux et empli d’excuses.

— Tu me dis que tu m’aimes, et derrière tu pars avec mon enfant ! cria-t-il avant de serrer les lèvres pour s’empêcher de se perdre plus encore dans sa colère. Avec hargne, il passa la main dans ses cheveux, les emmêlant.

Il tourna sur lui-même, pareil à un lion en cage qui essayait de ne pas attaquer.

Ses sanglots brisant régulièrement le lourd silence, elle le fixa avec tendresse, mais il semblait aveugle à tout ça.

— Plus que quiconque tu savais à quel point ce mensonge m’atteindrait. J’ai brutalement perdu un enfant pour ensuite apprendre qu’il n’était pas mien, tu sais combien cela m’a détruit, et sachant mon passé toi tu fais pire.

Elle fit non de la tête en faisant dodeliner ses longs cheveux, alors que ses larmes coulaient en abondance.

Avec vivacité elle alla à lui, mais il recula quand elle essaya de le toucher.

Amèrement elle ramena sa main contre son sein.

— Je suis désolée Aleksandr, je…

— Tu quoi ? Toi également, mieux que personne tu sais ce que ça fait de se faire arracher son enfant, tu sais aussi ce qu’un enfant peut ressentir en étant séparé de son père, et forte de tout ça, tu m’as tout de même arraché mon enfant, tu avais prévu d’éloigner un enfant qui n’avait non plus rien fait, de son père.

— Non, je ne voulais pas te faire souffrir, amore

Il lui lança un regard dur qui la cloua sur place, l’interdisant en silence de l’appeler de la sorte.

— Et c’est pourtant ce que tu as fait.

— Je suis rentrée, je voulais…

— Depuis combien de temps es-tu là ?

DOMINUM Le cœur du papillon Où les histoires vivent. Découvrez maintenant