CHAPITRE 64

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Plusieurs jours qu’Aleksandr ne quittait pas la maison, il ne pouvait pas la laisser tant qu’elle n’avait pas retrouvé un certain équilibre hormonal. À cet instant il contrôlait absolument chaque aspect de la vie de la mère de ses futures enfants. C’était lui qui décidait de l’heure de ses douches, lui qui la nourrissait, la coiffait, l’habillait, et elle était partante pour tout. Et il ne serait pas le premier à se plaindre d’exercer pareil contrôle. Au contraire. Vêtu d’un jean au bleu délibérément délavé et d’une chemise blanche aux manches relevées, il poussa la porte de leur chambre en ne la trouvant pas dans leur lit. Il regarda alors dans la salle de bain et ne l’y trouva pas. Sur le point de se rendre dans le dressing, il remarqua que la quatrième porte de la chambre était entrouverte. Il s’y invita, et elle se tenait là, encore nu vu qu’il n’avait pas pris le soin de la vêtir aujourd’hui. Et cet immense tatouage en forme d’arbre sur son dos, tatouage qui criait à tous qu’elle lui appartenait. Il n’avait plus envie de le voir couvert, peut-être était-ce pour cela qu’il préférait la garder nue. Dorabella fixait le violoncelle sous le verre, et lui c’était elle qu’il détaillait. Son ventre a la taille moyenne rehaussait la cambrure de son dos. Elle était magnifique.

— Bonjour.

Elle se retourna et comme d’habitude son cœur fit une embardée. Elle lui sourit timidement, et il eut l’impression d’être l’homme le plus heureux au monde. Non, il ne lui en voulait plus. Cette femme l’appartenait, à lui et personne d’autre. Et plus jamais elle ne le quitterait, il le voyait dans ses yeux, il l’entendait à la manière dont elle lui parlait en le regardant avec tant d’amour qu’il s’y noyait facilement, il le sentait à la manière dont elle l’agrippait pour dormir, ou lorsqu’elle le caressait. Non, plus jamais de vie sans elle, et il y veillerait.

— Que fais-tu là ? demanda-t-il calmement.

Elle rougit.

— Me permettras-tu de jouer pour toi ?

Aleksandr la regarda en se souvenant de ce qu’elle lui avait dit il y’a plus d’une semaine. Au bout d’un court silence, il s’avança, et ouvrit le verre de protection pour en sortir le Stradivarius, l’instrument de musique préféré de sa mère, cet instrument qu’il se contentait d’entretenir sans jamais plus y jouer, même s’il savait comment faire. Elle avait appris le russe et le violoncelle seulement pour lui. En son sein elle portait ses enfants, les premiers d’une longue série. Sur sa peau, elle avait tatoué son nom ainsi qu’une promesse, celle qui disait qu’elle lui appartenait à lui et seulement lui. Et rien que de voir cet immense tatouage en forme d’arbre décorer son dos, et il avait envie de l’étreindre. Il sentait au fond de lui que plus jamais il ne pourrait lui en vouloir pour quoi que ce soit. Pas quand elle le regarderait ainsi, pas quand il pouvait voir sur elle la preuve de son appartenance à la bête qu’il était.

Il lui prit délicatement la main.

— C’est plutôt moi qui vais jouer pour toi.

Dorabella écarquilla les yeux de surprise alors qu’il la guidait dans la chambre et l’assit sur le lit. Il approcha l’une des chaises en chêne, dos au mur de verre et y prit place. L’immense instrument à la couleur acajou entre les cuisses, il se mit en position.

— Tu as une préférence ?

Surprise et impatiente, elle fit vivement non de la tête.

— Tout ce que tu veux.

Dorabella chuchota presque sa phrase, les yeux lumineux d’amour et son cœur battit de joie.

Cela faisait près de vingt ans qu’il n’y avait plus joué. Mais bon, ça devait être comme le vélo se dit-il avant de choisir de lui jouer le premier air de musique qu’il ait appris. Il y avait passé tant de mois à l’époque, rien que pour pouvoir faire plaisir à sa mère. Des heures d’entrainement jusqu’à s’en faire saigner les doigts, et aujourd’hui il voulait offrir cela à la nouvelle femme de sa vie.

DOMINUM Le cœur du papillon Où les histoires vivent. Découvrez maintenant