Chapitre 6

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La visite de la maison s'avéra plus silencieuse que je l'avais imaginée. Le violoniste se contentait de passer de pièce en pièce, moi à sa suite, sans dire un mot ni esquisser le moindre mouvement. La maison était globalement dans des tons sobres qui inspiraient - selon ma conception de la décoration - la tristesse. Ça ressemblait quelque peu à chez moi, au détail près que mon appartement entier n'aurait pas suffi à payer la décoration d'une pièce. J'avais l'impression que la maison était interminable, qu'il y avait toujours plus d'espaces à découvrir, bien que la plupart d'entre eux soit vide, comme s'il y a avait un manque, un trou béant dans cette immense maison. La demeure disposait d'un étage où étaient concentrés une chambre, des toilettes, une salle de bain et un dressing. L'étage n'était pas l'endroit le plus intéressant en somme, puisque l'on n'y trouvait que des points de passages, contrairement au rez-de-chaussée qui semblait plus propice à l'ancrage.

Il me fit visiter chaque pièce, même celles qui étaient vides sauf une seule qui curieusement, semblait fermée à clef. Il passa simplement devant celle-ci en l'ignorant superbement. L'interdit n'était pas explicite, mais il n'eut pas besoin de dire le moindre mot pour que je saisisse que je ne devais pas pénétrer dans ce lieu.

Lorsque nous arrivâmes devant une nouvelle pièce qui contenait un lit simple, une table de chevet, un bureau et une penderie, il ne fit pas demi-tour immédiatement. Il s'arrêta juste pour me regarder.

- Ce sera ta chambre pour les quatre prochains mois.

J'hochai la tête en balayant du regard le vide en face de moi heureusement comblé par l'immense fenêtre qui grâce aux murs blancs, agrandissait considérablement l'espace qui me semblait déjà immense. Je ne savais pas dire si mon appartement complet égalait la taille de cette pièce. Puis, toujours médusé par l'espace, je songeai à ce qu'il venait de dire, et un malaise s'empara de moi, quelque chose n'allait pas.

- Les quatre prochains mois...? demandai-je avec une boule qui commençait doucement à se former dans ma gorge.

- C'était indiqué sur le contrat que tu as signé. répondit-il froidement.

Les circuits qui s'activaient dans ma tête redoublèrent d'intensité, parcourant le chemin neuronal bien plus rapidement qu'ils le faisaient d'ordinaire, puis la réponse à mon malaise m'apparut comme évidente. En juin, soit, dans trois mois maintenant se déroulerait le concours "International Art Contest" plus communément appelé IAC.
Si Minjun avait accepté que je joue pour Taehyung pour un temps indéterminée, je doutai qu'il voit d'un bon œil que je joue pour son concurrent lors d'un évènement aussi important. Je me mis alors à espérer très fort que j'ai réuni suffisamment d'éléments avant le moins de juin pour être débarrassé de cette histoire et retrouver mon havre de paix auprès de Minjun. Ce moment, c'était juste un point de passage par lequel il fallait passer pour que notre relation soit consolidée, c'était juste une preuve que je méritais d'être aimé qu'il fallait que je lui apporte. Je l'espérais tellement que j'étais incapable de remarquer les failles dans mon raisonnement.

- Un problème ? demanda-t-il finalement en relevant un sourcil.

Je secouai la tête en souriant très légèrement.

- Non, pas du tout.

Il me regarda de haut en bas avant de s'écarter un peu du passage.

- Tu peux déposer tes affaires. Je t'appellerai quand j'aurai besoin de toi.

Et il quitta la pièce, refermant derrière lui la porte qui claqua sans que ce ne soit réellement son intention.

Je commençai par poser mon sac sur le lit sans trop oser sortir ce qu'il contenait. J'étais mal à l'aise, je savais au fond de moi que ce que je m'apprêtais à faire était une terrible erreur. Mais ce qui différenciait cela d'avant était que cette fois-ci, je ne pouvais plus revenir en arrière. En signant ce contrat, j'avais comme fait un pacte avec le diable qui se finirait obligatoirement dans la douleur et les larmes. J'espérais simplement que ce ne soit pas de mon côté.

𝐋𝐄 𝐕𝐈𝐎𝐋𝐎𝐍𝐈𝐒𝐓𝐄 ⁽ᵛᵏᵒᵒᵏ⁾Where stories live. Discover now