Chapitre 17

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On se demande souvent, à tort et à travers, pourquoi les personnes victimes de violences domestiques ne partent pas. Je me disais la même chose avant. J'étais indigné, révolté, de savoir que ces personnes restaient, qu'elles subissaient les coups sans jamais partir. Finalement, j'en venais à la conclusion que si elles ne partaient pas, alors, elles ne pouvaient pas tellement se plaindre que la violence prospère.

Puis un jour, je devins l'une d'elles et là seulement, je compris.

La seconde gifle arriva deux semaines après la première. Ce vendredi-ci, Kim Taehyung se sentait particulièrement faible et souffrant. Il était rentré en nage et s'était effondré sur son canapé. Après avoir passé une main discrète sur son front, je notai qu'une forte chaleur en émanait, signe inquiétant de fièvre. Je fis alors face à un dilemme : ne pas contrarier Minjun et rentrer immédiatement ou rester auprès du violoniste, juste pour la soirée. Celui-ci ne me demanda rien, ni de lui apporter de soins, ni de rester. Tous ces scénarios se jouaient dans ma tête, entre moi et ma conscience tout en sachant pertinemment au fond que l'un ou l'autre m'en voudrait d'avoir fait l'autre choix. Mais ce soir-ci, je décidai de m'écouter moi, de faire ce que j'avais envie de faire, ce qui me semblait le plus urgent, le plus nécessiteux, et je décidai alors de rester. Je me disais au fond de moi que Minjun comprendrait que dans l'état dans lequel le violoniste était, je préfèrerai rester auprès de celui-ci.
J'avais tort.

Après une nuit à son chevet à le surveiller, assis sur son lit sans oser m'allonger près de lui ni partir, il montra finalement des signes de guérisons au petit matin et je pus alors le quitter. Avant que je ne passe la porte avec empressement, mon téléphone à la main, tentant de répondre aux message de Minjun qui me harcelait malgré les justifications que je lui avais envoyées par dizaine, le violoniste m'arrêta de sa voix grave.

- Jungkook.

Je me retournai vers lui, inquiet de perdre la moindre seconde, comprenant que la colère de Minjun était liée au temps, et que chaque seconde perdue me vaudrait davantage de remontrances. Son expression placide se changea en une sorte de sourire presque imperceptible mais qui signifiait déjà beaucoup, puis il inclina légèrement la tête vers moi.

- Merci.

Le battement de cœur qui suivit ce mot me sembla plus fort que les précédent, plus intense, puis une sensation de torsion se développa au niveau de mon estomac. Je lui souris à mon tour avant de m'éclipser, ne sachant comment réagir aux messages contradictoires que mon cœur et ma tête m'envoyaient.

Le trajet jusqu'à chez Minjun sembla interminable. Un vague présentiment me traversait de par-en-part. Au fond de moi-même, même si cela échappait à ma conscience, je savais. Je savais qu'il allait recommencer. Ses messages devenaient de plus en plus agressifs et il devint davantage pénible d'y répondre. Pourtant, il m'était impossible de lâcher mon téléphone rafistolé.

Lorsque j'arrivai devant la maison, il était déjà sur le palier. Son regard exprimait tout ce que j'avais crains : colère, jalousie et ressentiment. Je m'approchai de lui, le coeur battant, incapable de réellement anticiper si dans la seconde il serait prit de la folie de m'embrasser ou de celle de me gifler. Pour simple réponse à mes questionnements qu'il n'entendit jamais, il attrapa mon poignet et le serra si fort que je me retins de crier. Il me tira à sa suite dans la maison en claquant la porte derrière lui. La maison était un paradoxe sensitif. Un grand silence régnait, les lumières étaient éteintes, nous rendant aveugles, mais le lieu était chargé d'odeurs. J'y reconnus d'abord l'odeur de l'alcool qui collait de plus en plus souvent à la peau de Minjun; le whisky, en particulier. Puis lorsque nous pénétrâmes dans la chambre à coucher, je reconnus autre chose, un parfum plus doux, un parfum de femme.

𝐋𝐄 𝐕𝐈𝐎𝐋𝐎𝐍𝐈𝐒𝐓𝐄 ⁽ᵛᵏᵒᵒᵏ⁾Donde viven las historias. Descúbrelo ahora