Chapitre 19

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Un moment de calme succéda à la tempête qu'avait été ma vie durant des jours. De retour du gala, je m'étais effondré dans ma chambre et m'étais endormi immédiatement, passant une nuit sans rêves, mais sans cauchemars non plus. J'avais passé la journée à dormir et lorsque j'avais ouvert un oeil, il était déjà dix-huit heures.

Dès lors que je me réveillai, je me levai et quittai la maison vide pour retourner chez Minjun. Je fonçai sans réfléchir, m'imaginant que chaque minutes de retard que j'aurais me vaudrait davantage de représailles. Pourtant, lorsque je passai la porte de chez mon petit ami, le coeur sur le point d'exploser, je vis une traînée de pétale de roses sur le sol immaculé du couloir, et celle-ci menait jusqu'au salon. J'avançai, craintif, terrifié à l'idée de le trouver là avec une autre que moi, puis finalement, en ayant suivi la trace des pétales jusqu'au salon, je tombai sur une décoration tamisée, et un repas trônant sur la table à manger. Des bougies dont la flamme vacillait par moment étaient disposées au centre de la table et une nappe noire et bordeaux recouvrait celle-ci.

Mon coeur battait à toute allure et des sentiments contradictoires m'assaillaient de toute part. J'étais confus, je ne comprenais plus rien.

- Minjun ? tentai-je.

Et là seulement, il apparut. Vêtu d'une chemise blanche et d'un pantalon noir fluide, ses cheveux coiffés en arrière comme je les aimais et un bouquet de roses rouges à la main, il s'approcha de moi. Je reculai par réflexe, effrayé bien que la situation ne soit pas menaçante. Les sens en alertes, j'étais prêt à partir à tout instant ou à me dissocier de mon corps si la fuite n'était pas envisageable. Et pourtant, tout concorda pour me faire sentir que ce soir, il n'y avait pas de danger. Que cette soirée était réservée à la repentance et au pardon, qu'il allait me servir exactement ce que j'étais venu chercher en revenant vers lui. Il me prouverait qu'il allait changer, que c'était une erreur de parcours, une folie passagère, mais ce que je voulais entendre par dessus tout, c'était qu'il ne recommencerait pas.

Il me tendit les fleurs sous mon regard méfiant, hésitant. Le sien était confiant, mais coupable, un peu désolé mais pas suffisamment pour se montrer faible. Il attendit patiemment que je saisisse le bouquet, soutenant mon regard durant tout ce temps en sachant pertinemment que je finirai pas l'accepter. Mais comme le poids de ses yeux ne suffisait pas, il prononça ces mots dont j'avais tant besoin.

- Je suis désolé Jungkook. J'y suis allé un peu fort.

Un peu fort. Ses mots étaient légers, dissonants avec la blessure profonde que ses gestes avaient provoqués en moi. Il avait brisé mon estime de moi, ma confiance en lui, mais il semblait considérer tout ça comme un simple emportement. Mais quelque part, j'aimais mieux entendre cela, parce que ça signifiait que ça ne se reproduirai plus. Du moins, je l'espérais.

Je lui en voulais terriblement. J'étais en colère, détruit... Mais la colère n'égale jamais l'espoir. J'attrapai alors les fleurs et les sentis devant lui, avant de souffler :

- Elles sentent très bon.

Il sourit et fit un geste romanesque vers la table, la désignant comme un prince.

- Pour rattraper le dîner que l'on a manqué hier.

Je tentai alors de me détendre en me disant que cette soirée pourrait rattraper tout le mal qui avait été fait jusque là. Comme si combattre le mal par un moment de douceur pouvait suffire à en effacer toute trace. Je pris place autour de la table sous les yeux dévorants de Minjun et il se chargea d'aller apporter les plats qu'il avait soigneusement préparé.

Il me traita comme un prince, avec attention, amour, soin. Tout le contraire de ce qu'il avait été la veille. Il me parla de lui, un peu de moi, et de choses banales en se montrant affectueux et à nouveau, j'eus envie d'y croire. De croire qu'il était redevenu celui que j'avais connu. Celui que j'aimais. Celui qui n'avait jamais levé la main sur moi. Le dîner avança, la bonne humeur avec et comme le calme ne durait jamais, mon portable vibra une première fois. Je décidai de l'ignorer, bien trop occupé à essayer de faire durer ce moment un peu trop parfait, mais il vibra une seconde fois, puis une troisième et alors je fus obligé de regarder pour m'assurer que tout allait bien. Les mots qui s'affichèrent sur mon téléphone m'envoyèrent des sueurs des orteils à la tête.

𝐋𝐄 𝐕𝐈𝐎𝐋𝐎𝐍𝐈𝐒𝐓𝐄 ⁽ᵛᵏᵒᵒᵏ⁾Where stories live. Discover now