𝐋𝐄 𝐕𝐈𝐎𝐋𝐎𝐍𝐈𝐒𝐓𝐄 ⁽ᵛᵏᵒᵒᵏ⁾

Chapitre 16

Reprends-toi Jungkook... Tu es maître de ton corps.

Mon dos se courba tandis que mon estomac se contracta violemment, expulsant tout son contenu dans la cuvette des toilettes. Si en me réveillant, j'avais eu le temps pour remettre en question la veille, maintenant, j'avais plus urgent à régler. Un filet de bave coula de ma bouche sans que je ne l'en empêche, ne cherchant même pas à m'essuyer les lèvres. Il n'y avait plus d'hygiène ni de dignité si celles-ci risquaient d'entraver le soulagement passager que je ressentais. Je restai immobile, réalisant que c'était la seule position qui soulageait mon intense mal de ventre, et mon estomac continua de se vider par à-coups aussi violents que douloureux.

Cela dura une vingtaine de minutes qui me parurent interminables. Chaque minute qui passait, je me sentais un peu plus dépérir, un peu plus proche de l'évanouissement. Mais finalement, j'en vins à bout. Mon estomac ne fut plus douloureux et cessa de se vider. Je laissai ma tête reposer sur la cuvette un moment, me sentant étrangement bien d'un coup - du moins, en comparaison avec quelques minutes auparavant. Ma petite victoire était d'avoir réussi à ne pas vomir sur le trajet qui m'avait conduit jusqu'aux toilettes. Une bien piètre réussite, en somme.

Je finis par me lever en prenant appui sur la cuvette, la tête penchant dangereusement vers celle-ci. Je me lavai les dents puis le corps avec minutie, faisant durer la douche de longues minutes, comme pour enlever la honte. En m'essuyant les cheveux, je fixai mon reflet pitoyable dans le miroir. D'immenses cernes noires creusaient le dessous de mes yeux, mon teint était livide, cadavérique et mes clavicules plus osseuses que jamais. J'aurais aimé mettre tout sur le compte de l'alcool, mais ç'aurait été me mentir.

Durant la matinée, les éléments de la veille que j'avais tenté de refouler remontèrent tous un à un par flash. Il était clair que certains s'étaient réellement produit, d'autres étaient absolument inconcevables. Dans mes souvenirs, tantôt je me faisais frapper, tantôt je pleurais, tantôt j'embrassai le violoniste. Mais ce n'était pas possible, j'avais dû encore faire un rêve étrange. Ce n'était pas la première fois après tout. Jamais je n'aurais fait ça, je n'aurais jamais trompé Minjun et encore moins avec son concurrent, c'était de la folie. J'en riais presque. Pourtant, lorsque le soir venu, le violoniste rentra et que son regard se détourna à l'instant où il croisa le mien, le doute s'insinua profondément en moi.

- Bonsoir. dis-je d'une voix inquiète.

Ses yeux ne se relevèrent pas. Il enleva son manteau long mais léger - dû au temps - et le posa sur le canapé en fixant celui-ci. Lui qui avait toujours un regard très fixe semblait ne pas pas oser soutenir le mien. Comment aurait-ce pu être un hasard ? Pourtant mon esprit acharné continua de me faire croire que je délirais, que j'extrapolais et interprétais tout comme un signe. Puis celui-ci m'accusait aussi de ne pas m'être tenu hier. Je n'aurais jamais dû boire, ça je le savais bien. Mais dans ma tête, quelque chose dissonait. Si la partie du rêve qui m'avait faite arriver jusque dans la maison du violoniste était véritable, pourquoi celle où je l'embrassais ne le serait pas ? J'aurais pu choisir de prétendre ne me souvenir de rien, j'aurais pu ne jamais plus aborder le sujet, le violoniste ne l'aurait sûrement jamais fait non plus et tout en serait resté là. Mais je voulais en avoir le coeur net, peut-être pas en demandant directement ce qu'il s'était passé, mais en récoltant des indices. Parce que s'il s'avérait que j'avais bel et bien trompé Minjun, alors son geste de la veille prendrait pour moi un tout nouveau sens.

- Bonsoir. répondit-il à voix basse.

- Je suis vraiment désolé d'avoir débarqué comme ça hier. J'étais vraiment ivre, je ne sais pas ce qu'il m'a pris...

Il ôta ses chaussures, fixant ses lacets avec concentration.

- Ce n'est rien.

Un petit silence s'installa où il eut le temps d'enlever ses deux chaussures ainsi que sa veste de costume. Je déglutis plusieurs fois, cherchant mes mots, mes interrogations et ce qui pourrait me donner les réponses sans être trop direct.