Chapitre 20

455 37 2
                                    

La porte claqua et des pas trottinant résonnèrent dans le couloir. Le visage de Min Yoongi apparut bientôt dans la pièce sombre pour venir s'approcher de moi, un air paniqué sur le visage.

- Où est-il ?

- Il dort dans sa chambre. Les calmants l'ont assommé.

Son visage se rembrunit brusquement.

- Je croyais qu'il avait arrêté d'en prendre.

Je ne pus répondre que par un haussement d'épaule révélateur; celui-ci indiquant que je ne savais pas mieux que lui. Le brun passa une main sur son visage avec un air qui mélangeait inquiétude et soulagement, avant de se laisser tomber sur le canapé à mes côtés. Il laissa sa tête retomber en arrière, se permettant enfin de souffler après un moment d'incertitude, où l'état du violoniste était encore indéterminé.

Je le regardai un long moment sans oser poser la question qui me brûlait les lèvres, me torturant l'esprit en cherchant à savoir si c'était le bon moment, si c'était correct, admissible de lui demander de quoi retournait la situation. La crise du violoniste avait été si intense qu'il n'avait rien pu m'expliquer et que je n'avais pas non plus voulu lui poser la question.

Ce fut le brun qui mit fin au silence qui nous entourait. Comme s'il avait deviné mes pensées, il expira.

- Vas-y, pose moi ta question.

Je ne me fis pas prier.

- Est-ce que vous pouvez m'expliquer la situation ?

Il souffla du nez comme si ma crédulité l'agaçait, mais lorsqu'il se redressa pour me faire face, je compris qu'il ne s'agissait pas tant d'agacement que de fatigue.

- Il ne t'a jamais dit, pour son père ?

- Je ne savais pas qu'il était malade si c'est votre question.

Le pianiste hocha la tête en fixant la table basse à côté du canapé, l'air de réfléchir, de se demander s'il pouvait m'en dire plus. Pour ne pas lui en laisser trop le temps, je me lançai :

- Qu'est-ce qu'il a ?

Sans quitter la table des yeux, le brun ouvrit la bouche avec un air perdu dans ses pensées.

- Ce qu'il mérite. Mais en d'autre termes, un cancer des poumons.

Un petit silence s'installa, de ceux où mon cerveau vrillait, cherchait à comprendre ce qui ne voulait pas faire sens entre les éléments que j'obtenais.

- Mais... je ne comprends pas. Il avait encore un lien avec lui ?

- Oui, il allait le voir régulièrement à l'hôpital.

Je penchai légèrement la tête, aussi intrigué que surpris par ces révélations qui ne me semblaient pas cohérentes. De nouveaux éléments faisaient doucement sens; ses retours tardifs, ses crises, son épuisement. Pourtant, quelque chose m'échappait.

- Mais... il ne le détestait pas ?

Il releva les yeux vers moi en fronçant les sourcils.

- Evidemment que si.

- Alors pourquoi ? Pourquoi aller le voir ? demandai-je avec une voix qui s'enrouait.

- Jungkook. L'amour et la haine ne sont pas des sentiments incompatibles. Ça restait son père, et il l'aimait.

Je baissai les yeux, repensant à nos conversations. Tant de belles paroles que le violoniste avait prononcées, tant de mots assurés qu'il m'avait dit et qu'il n'avait jamais appliqué pour lui-même. Il avait gardé contact avec son père violent, avait continué à chercher son amour même s'il savait qu'il n'en verrait jamais la couleur.

𝐋𝐄 𝐕𝐈𝐎𝐋𝐎𝐍𝐈𝐒𝐓𝐄 ⁽ᵛᵏᵒᵒᵏ⁾Donde viven las historias. Descúbrelo ahora