9- Le prédateur

2.4K 185 45
                                    

- Sebastian -

- Elle doit être bouleversée, elle reviendra, murmure Virginia Moretti en essayant d'apaiser la tension.

L'excuse qu'elle a utilisée pour quitter la table a un goût de déjà-vu. Sans oublier l'agacement avec lequel elle est partie.

Elle ne reviendra pas.

Je me lève pour la suivre.

- Est-ce qu'on peut vous accompagner quelque part ? s'empresse de demander la sœur en m'imitant.

- Ce ne sera pas utile.

Elle se rassoit en silence. Je sors de la pièce et tombe sur Inaya dans le couloir. Elle se dirige vers la porte d'entrée. Ses fesses qui bombent parfaitement sa jupe sont la plus belle chose que j'ai vue aujourd'hui.

Je m'appuie contre le mur pour l'admirer.

- Encore une urgence ?

Plutôt que sursauter comme la première fois, son corps se fige. Elle se retourne doucement.

- Si je réponds oui, tu me laisses partir ?

- Je préfère que tu ne mentes pas. 

Elle s'éloigne de la porte et je quitte le mur pour réduire la distance restante.

La pointe de ses cheveux remue en caressant ses épaules. Je savais que la provoquer révèlerait son caractère. Elle ne dit rien mais fait ce qu'elle veut, aussi vicieuse que-

La mémoire me revient et j'esquisse un sourire satisfait. Ça me trottait dans la tête depuis notre rencontre.

- Je me souviens, tu me rappelles la renarde dans La volpe e il leone. (La renarde et le lion.)

Elle m'adresse un regard perplexe.

- Je... ne connais pas cette fable...

- On dirait que tu as peur de moi.

- C'est le cas, répond-t-elle en détournant les yeux.

- Pourquoi ? Je n'ai rien fait contre toi.

- Je ne sais pas... Le principe même d'épouser un homme connu pour ses crimes.

Ses réponses sincères me plaisent. Ça change des gens de ce milieu.

- L'habitude rend tolérables les choses les plus effrayantes. Toi qui vois les pires blessures aux urgences, cette morale devrait te parler.

- Je ne veux pas m'habituer à ça.

- Aucun de nous n'a le choix, on dirait.

- Alors quoi ? demande-t-elle révoltée. On va se marier alors qu'on n'en a pas envie ?

- Ce n'est pas si terrible, tu es mieux que je l'imaginais. Je n'ai plus qu'à te faire changer d'avis aussi.

Je mange les derniers centimètres entre nous d'un pas. Elle frémit quand je pose une main au creux de sa taille. Ses iris verts fixent les miens avant de s'orienter vers le sol, je soulève son menton en lui volant la parole.

- Arrête de détourner le regard quand tu croises le mien. 

- J'ai du mal quand on me fixe... souffle-t-elle timidement.

- C'est dommage, tes yeux sont magnifiques et j'ai mis du temps à m'en rendre compte.

Elle rougit, une vision délicieuse. Sa bouche se referme en renonçant à ce qu'elle allait dire.

L'héritier du crimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant