30- La tisseuse

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- Inaya -

Je me redresse dans un sursaut, réveillée par la fraîcheur du sang qui trempe mes vêtements. Le silence m'alerte et je me tourne vers Sebastian allongé à ma gauche. Sa respiration est si faible que j'ai presque cru qu'elle s'était arrêtée. Je soupire en laissant retomber ma tension.

Mes yeux scannent la chambre avec horreur, écœurés par le rouge, virant au brun, qui teinte les objets et meubles partout autour de nous. Le matériel que j'ai utilisé est encore au pied du lit, avec la bassine contenant les miettes de ses os et le tube qui a servi à transfuser mon sang.

Je regarde Sebastian avant de poser un doigt sur sa carotide. Le pouls est léger et rapide mais mieux qu'hier.

Il ouvre doucement les yeux et me trouve penchée au-dessus de lui. Je me sens rougir.

- Comment tu te sens ?

- Sto bene, souffle-t-il d'une voix rauque. La morphine fait effet.

Ma main au creux de son cou détecte une chaleur qui me préoccupe. Je pose ma joue sur son front.

- Tu chauffes.

- Possible, murmure-t-il.

En me redressant, je surprends ses yeux égarés dans mon décolleté.

- Je veux dire que tu as de la fièvre, j'espère que tu n'as pas attrapé une infection... Je vais appeler le docteur Romano pour qu'il passe t'examiner, il apportera des antibiotiques.

- C'est vraiment nécessaire ? Tu m'as déjà soigné.

- Je ne suis pas médecin... Et j'ai arrêté ton hémorragie avec un briquet et une cuillère...

- Ça me suffit, si c'est toi.

Une chaleur diffuse depuis mon cœur. Lui scanne la chambre et esquisse un sourire fade, terni par son état, en voyant mes affaires dans un coin.

- Les travaux de l'appartement ne sont pas finis ? décoche-t-il mélodieusement.

- J'ai dû changer d'ouvriers, tu as fait fuir les autres...

Il laisse échapper un rire rauque, marqué par l'effort, quand Eve apparaît brusquement à la porte.

- D'où vient tout ce sang dans le couloir ?!

Ses yeux bleus s'écarquillent en apercevant Sebastian à demi-mort et le sang qui inonde mes vêtements.

- Dio mio ! Que s'est-il passé ?!

Elle se précipite vers nous, le visage pâle d'inquiétude. La voix de Sebastian est si faible qu'elle s'apparente à un chuchotement.

- Les Visconti m'ont tendu un piège. Francesco était dans la voiture quand il a entendu tirer mais, à deux, on a juste eu le temps de partir. Je savais qu'ils n'oseraient pas nous suivre jusqu'ici.

- Pourquoi tu étais seul ? Et comment ils ont su où tu étais ? Aucun de tes hommes n'était au courant de ton emplacement pour venir en renfort ?

Je regarde Sebastian, soudainement partagée par les mêmes interrogations. Et apeurée par le fait que ça se reproduise. Il hésite une seconde puis répond dans un soupir laconique.

- C'était à cause d'une affaire. Nino a enquêté mais ils ont quand même réussi à nous devancer.

Nino ?

La mélodie de son rire quand je lui ai dit que le sénateur battait sa femme résonne dans mon esprit.

- C'est aussi lui qui était chargé du sénateur Rossi, dis-je dans un murmure qui m'échappe.

L'héritier du crimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant