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Les yeux dans le vague, Felix s'accroupit pour pouvoir consulter les prix des nouilles instantanées. La musique dans ses oreilles lui faisait hocher la tête en rythme et il tendit la main pour attraper ses nouilles favorites. Enfin, favorites, pas vraiment, mais c'étaient les moins chères, donc celles qu'il achetait. Il en prit trois gros paquets, qu'il fourra dans son sac à dos avant de continuer à déambuler dans le magasin. C'était celui juste en bas de chez lui, et même s'il était assez mal-famé, il était le plus près. Tout ce qu'il avait à faire était d'ignorer l'odeur de shit qui régnait en permanence dans la supérette et de ne pas regarder le caissier qui sortait tout juste de prison. Il avait fini par prendre l'habitude.

Alors qu'il était en pleine réflexion devant le rayon de crème fraîche, il aperçut, du coin de l'œil dans le reflet de la vitrine réfrigérée, deux yeux qui le fixaient. Sa prise se crispa sur son sac à dos quand il reconnut, encore une fois, son stalker. Putain. Depuis l'apparition de l'homme du club sur son lieu de travail, Felix avait pensé être débarrassé du taré qui le suivait. Il s'était visiblement trompé. Il enfonça nerveusement ses écouteurs dans ses oreilles en essayant de rester neutre. Il était tard, une heure du matin, mais c'était son seul créneau pour faire ses courses vu qu'il s'était aperçu trop tard que ses placards étaient pitoyablement vides. C'était hors de de rentrer chez lui, il ne voulait pas que son stalker sache où il vivait. Il pouvait aller à la supérette où il travaillait, l'une de ses collègues y était, mais Felix ne voulait pas la mêler à cette histoire, et ce type était capable de l'attendre dehors.

Il se frotta nerveusement le visage avant d'attraper au hasard un pot de crème histoire de se donner une contenance. Est-ce qu'il avait les nerfs nécessaires pour patienter dans le magasin jusqu'à sa fermeture ? Il se détesta de penser aussi vite au club et à son patron. Ses yeux félins étaient certes menaçants, tout comme sa stature et l'aura qu'il dégageait, mais il avait déjà fait fuir son stalker. Et même s'il était complètement à côté de la plaque en parlant à Felix tout en l'appelant Yongbok et en déblatérant des histoires de territoire incompréhensibles, le fait était qu'il avait déjà fait fuir le taré. Et il savait où le trouver, alors avec un peu (beaucoup) de chance il serait au club. Il avait juste à survivre jusque là.

Sans croiser le regard de personne, Felix paya ses quelques achats, mit son sac à dos, et il sortit dans la nuit en marchant d'un pas rapide. Il avait essayé d'oublier le club, mais il avait une assez bonne mémoire des lieux et un relatif bon sens de l'orientation, alors il réussit plutôt rapidement à retrouver la route du club. Il n'espérait qu'une chose, c'était qu'il soit ouvert. Peu importait l'accueil qu'il recevrait là-bas, il voulait juste y parvenir. Ses mains dans les poches, il coupa la musique de ses écouteurs et il ne mit pas longtemps à entendre les bruits de pas qui le suivaient. Son stalker avait même l'audace de siffloter. L'écoeurement le saisit à la gorge et il accéléra encore le pas. Quelle ordure !

À son plus grand soulagement, il aperçut bientôt les néons du club, qui annonçaient à toute la nuit Dongsoondori. Un nom qui ne lui évoquait rien d'autre qu'un espoir de sécurité. Felix passa ses mains dans ses cheveux pour essayer de leur donner un aspect présentable et il retira ses écouteurs afin de les ranger dans la poche de son sweat. Il était déjà rentré une fois dans le club alors il croisa les doigts en s'avançant vers l'entrée. Le vigile le dévisagea de haut en bas avant de porter une main à sa ceinture. Le jeune homme se retourna rapidement pour voir que le stalker se rapprochait avec ses yeux fixés sur lui, semblant prêt à le suivre à l'intérieur. Paniqué, Felix força presque l'entrée dans le club et cette fois, il ne resta pas au niveau de l'entrée.

« - Yah ! Reviens ! »

Il ne savait même pas si la voix était celle du stalker ou du vigile. Son regard chercha aussitôt le patron du club, qu'il aperçut rapidement dans le même fauteuil que la dernière fois, entouré de sortes de vigiles ou de gardes du corps. Felix se précipita vers lui, le cœur battant à tout rompre. Dès que leurs yeux se croisèrent, le patron amorça un geste pour se relever, le regard menaçant, mais il ne lui en laissa pas le temps. En évitant les mains qui voulaient l'arrêter, il grimpa sur les genoux de l'homme pour s'accrocher à lui en suppliant :

Justice in the Barrel //Minlix//Where stories live. Discover now