Chapitre 1 : Inévitable introspection

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Paris, France. 25 décembre 1975.

— Jean-Pierre ! Jean-Pierre ! Réveille toi !

Une voix un peu aigue et surexcitée sonna au oreilles du jeune garçon endormi. Il eut bien du mal à sortir de sa torpeur et entrouvrit ses yeux bleus avant de les fermer immédiatement. 

— Allez !! Allez ! Lève-toi s'il te plaît ! 

Mais il ne voulut rien entendre. Il était bien là, dans son lit, bien au chaud. 

Le responsable de son réveil lui retira maladroitement sa couverture et lui sauta dessus avant de gigoter dans tous les sens. 

— Debout, debout ! Ou je dis à Papa que t'es le plus grand flemmard du monde ! 

Jean-Pierre soupira lourdement. 

— Sherry... grommela t-il. Tu me fatigues. Pourquoi tu t'excites comme ça ?!

En disant cela, il se redressa sur son séant et bailla en frottant ses yeux. Ses cheveux gris, mi-longs, frôlaient ses paupières encore lourdes de sommeil. 

— Mais parce que c'est Noël crétin. 

Le jeune garçon se réveilla tout à fait, avant de répliquer :

— C'est toi l'abrutie. Où t'as vu qu'on réveillait les gens comme ça ? 

 La petite fille, assise sur le lit haussa les épaules. 

— Chais pas. Dépêche toi ! Papa nous attend ! 

Le jeune garçon sourit en voyant sa soeur à la lourde tignasse noire bouclée surgir de son lit pour se précipiter vers le salon. 

À son tour, il sortit les pieds de sa couette et, en pyjama, se dirigea vers la pièce de vie. Son père était là, et eut un sourire en voyant son fils encore ensommeillé. 

Émeric Polnareff était le portrait craché de sa fille, Sherry. Les mêmes yeux bleus, les mêmes cheveux noirs bouclés. Il était grand et il coiffait habituellement ses cheveux en une queue de cheval basse. 

— Bonjour Jean-Pierre.

— B'jour Papa. 

Il esquissa un sourire. 

 — J'ai préparé le petit déjeuner. On ouvrira les cadeaux juste après. 

Sherry sautilla de joie tandis que Jean-Pierre souriait, enthousiaste. Peut-être que son père lui avait offert la nouvelle canne à pêche qu'il voulait depuis des mois ?

Tous les trois commencèrent à se diriger vers la cuisine pour prendre le petit déjeuner de Noël, tandis que le regard azuréen du garçon accrocha la photo encadrée sur la petite cheminée du séjour. On y voyait une très belle femme grande aux longs cheveux gris tressés. 

Jean-Pierre avait hérité des traits de sa mère. Mais le plus étonnant, sur cette photo, c'était l'ombre qui se tenait derrière la femme. Une ombre en armure, ressemblant en quelques points à celle que le garçon pouvait appeler. Il ne savait pas comment s'appelait cette présence. Mais il était certain d'une chose. Sa mère avait disparu du jour au lendemain, et c'était forcément lié à cette présence. 

Le chocolat chaud du matin de Noël était un des moments préférés de Sherry et Jean-Pierre. Leur père prenait quelques jours de vacances pour profiter de leur présence, et rien ne pouvait rendre les deux enfants plus heureux que de passer cette fête avec leur père. 

Quand vint le moment d'ouvrir les cadeaux, Sherry hurla de joie en ouvrant l'un d'eux. 

— Merci Papa !!! Elles sont trop belles ! 

Rome au crépusculeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant