Chapitre 35 : Seuls au monde

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Bon, je vous présente mes excuses par avance, vous risquez d'être un peu tristes à cause du déroulement de cette histoire. Mais bon.. Vous vous y attendiez non ? JPP ne peut pas échapper à son destin. Néanmoins, pour certains personnages, l'histoire se déroulera mieux que dans l'histoire originelle, donc, ne désespérez pas !

***

Poitiers avait toujours été une ville agréable, d'autant plus depuis qu'ils avaient éliminé ensemble l'unique personne qui avait menacé la quiétude de ses rues. 

Damien Lefebvre était mort et enterré, ou incinéré, aucun des deux Polnareff ne le savait ni ne voulait le savoir. Il avait disparu, emportant avec lui dans le trépas une bonne vingtaine de personnes qui n'avaient rien demandé. 

Mais ils étaient en vie, malgré tout, et la routine avait repris ses marques. Gwen allait travailler au bureau, Jean-Pierre traduisait ses bouquins, veillant sur Raphaël la journée. 

Le 21 novembre 1994, Jean-Pierre et Raphaël avaient déposé Gwen à l'aéroport où un vol direction Reykjavik l'attendait. 

Le voyage avait été sans histoire et c'est une jeune femme reposée par une sieste dans l'avion qui posa le pied sur la terre de glaciers et de feu, terre si riche et pourtant si déserte. 

Trois semaines durant, elle avait logé dans une immense tente avec une équipe d'archéologues français, anglais et italiens et elle avait considérablement amélioré sa maîtrise de l'anglais, langue alors utilisée largement pour les communications. 

Le site de Thingvellir était splendide. À une cinquantaine de kilomètres de la capitale islandaise, dans un parc national, de l'autre côté d'un cours d'eau tumultueux, se tenaient les traces d'un immense bâtiment qui, comme le subodoraient les archéologues, aurait vu le rassemblement, huit siècles durant, du parlement islandais. 

C'est ce à quoi elle avait pensé, juchée sur une colline abrupte, observant à ses pieds l'immense faille de l'Almannagjá, qui montrait de manière très visible la séparation entre deux plaques tectoniques, sur le rift qui traversait l'île. 

L'air était pur, dans ces campagnes désertiques et Gwen, souvent accompagnée d'Amandine, une britannique de souche avec qui le courant était bien passé, parcourait ces paysages sauvages, se laissant éroder par le vent glacial. 

La tranquillité du lieu, le calme plat de la nature environnante avait fini par apaiser ses tourments intérieurs. Il fallait dire que ces derniers temps, tout c'était enchaîné à une vitesse folle. 

Elle savait que Jean-Pierre profiterait de ces semaines avec Raphaël pour renouer plus fortement avec lui. La brune était en effet persuadée que tous les deux en seraient ravis, étant donné que Jean-Pierre avait été absent assez longtemps quand il était parti au Maroc. 

Le 7 décembre, en se réveillant, les archéologues avaient eu la surprise de voir que le froid avait établi son règne et que la neige avait rejoint la partie. 

Il faisait vraiment froid et, emmitouflée dans une doudoune grise, Gwen s'était allée à la contemplation en marchant le long des congères formés par les vents qui commençaient à accentuer la force des frimas. 

La jeune femme, frigorifiée, s'était arrachée à son extase et avait détourné à regret son regard émeraude de l'étendue glacée pour faire demi-tour. 

La température devait frôler les -2°C et elle ne souhaitait pas finir son séjour au fond de son lit, réchauffée par le faible radiateur à côté du lit de camp. 

C'est une française aux lèvres bleues et à la chevelure recouverte de givre qui fut accueillie par une Amandine inquiète qui s'était empressée de la recouvrir d'un tas de couverture et de lui faire boire des flots de tisanes brûlantes. 

Rome au crépusculeWhere stories live. Discover now