Chapitre 2 : Après vous, le silence

14 9 27
                                    

Dans un avion, quelque part au dessus de la Méditerranée. 19 janvier 1989.

— Mesdames et Messieurs, nous survolons actuellement la Mer Méditerranée. Veuillez attacher vos ceintures, nous allons entrer dans une zone de turbulences.  

Il s'éveilla en sursaut en entendant l'annonce dans son sommeil. Quand avait-il fermé les yeux ? Il ne s'en souvenait plus. Il se redressa et s'attacha alors qu'une vague d'angoisse l'envahissait. Il balaya du regard tout autour de lui et finit par apercevoir ce qu'il cherchait si désespérément.

Tendant le bras, il se pencha et attrapa l'objet de sa recherche. Le visage harmonieux de Sherry apparut dans sa vision et Polnareff regarda un instant cette photo. Sherry y souriait. Ses longs cheveux noirs encadraient son beau visage et contrastaient avec ses yeux bleus. 

Quelques mèches sauvages, bouclées, frôlaient son front et lui donnaient un air un peu enfantin, et innocent. Polnareff sentit son coeur se serrer, comme à chaque fois qu'il regardait cette photo. 

Ses yeux bleus étaient fixés sur le visage souriant et candide de sa cadette, capturé dans une époque plus heureuse et insouciante.

Une vague de tristesse et de mélancolie envahit le cœur de Polnareff alors qu'il contemplait les traits de sa sœur aimée. Les souvenirs de leur enfance, des moments passés ensemble, des rires partagés et des disputes aussi, jamais très longues, remontèrent à la surface. Il se souvenait de la façon dont ils étaient inséparables, se soutenant mutuellement dans les moments difficiles, et partageant une complicité fraternelle sans faille.

Mais maintenant, sa sœur n'était plus là. La tragédie de sa vie les avaient séparés de manière brutale et injuste. Polnareff n'était plus tellement en colère. Il l'avait vengée mais il aurait tout donné pour pouvoir revenir en arrière, pour protéger Sherry et empêcher les événements qui avaient déchirés encore et toujours plus le tissu de son existence.

Son regard se voila de larmes tandis qu'il serrait la photo contre lui, laissant échapper un soupir chargé d'émotion. Il se sentait dévasté par la perte de sa sœur, par le poids de son absence dans sa vie. C'était comme si une partie de lui-même avait été arrachée, laissant un vide béant difficile à combler. Et maintenant que ses amis lui avait aussi été enlevés, il se sentait aspiré dans un gouffre sans fond.

— Qui est-ce ? interrogea une voix à côté de lui. 

Polnareff tourna la tête pour voir un vieil homme assis à côté de lui. Il était âgé et de nombreuses rides couraient sur son visage. Le français le regarda sans comprendre. Il lui semblait pourtant que lorsqu'ils avaient décollé, personne ne se tenait à côté de lui.

— Sur la photo, insista le vieux. Qui est-ce ?

Jean-Pierre regarda la photo encore une fois avant de murmurer :

— Ma soeur, dit-il tout bas, en sentant sa voix faiblir.

La personne âgée pointa du doigt la photo en disant :

— Tu sais, mon p'tit gars... Si elle était encore là, elle n'aurait pas voulu que tu te morfondes sur ton sort. 

Polnareff sentit la moutarde lui monter au nez. Non mais sérieusement, il se prenait pour qui lui ?!

Ce n'est pas comme s'il était fatigué mais tout cela commençait à lui taper sur le système, sérieusement. 

— Pour qui est-ce que...

— Non. Ne te fatigue pas. 

Cela eut pour effet de clouer le bec au français qui en resta coi. 

Rome au crépusculeWhere stories live. Discover now