Chapitre 37 : Giustizia dell'ombra [Golden Wind] 🐞

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Gwen se réveilla avec un sursaut, le souffle court. La première chose qu'elle sentit fut la douleur lancinante dans sa poitrine. Instinctivement, elle porta la main à son torse et fut stupéfaite de constater que la plaie béante qui aurait dû être là avait disparu. À la place, une fine ligne de cicatrice témoignait de ce qui aurait dû être sa fin.

Son regard se posa sur son fils, Raphaël, qui gisait immobile à ses côtés. Un cri de douleur et de désespoir s'échappa de sa gorge. Ses yeux embués de larmes fixaient le visage paisible de l'enfant. La réalité s'abattit sur elle comme une avalanche. Raphaël était mort, et elle était en vie. Comment était-ce possible ?

Lentement, tremblante, elle s'assit sur la civière avant de se mettre sur ses pieds. Elle trébucha, et ses mains fébriles entourèrent le visage de son fils. 

— Mon ange.. Raphaël... Ouvre les yeux. S'il te plaît.. 

Un sanglot secoua son corps et elle posa son front sur celui de l'enfant. Il ne bougeait pas, et il était froid. Les mains de Gwen semblaient dénuées de sensations alors qu'elle essayait en vain de l'étreindre. Les larmes coulèrent de ses yeux, échouant sur le visage de son fils. 

— Raph.. Tu ne peux pas me faire ça.. Tu ne peux pas être.. 

Elle ne parvint pas à prononcer le mot. C'était trop dur de le dire, c'était reconnaître que son fils n'était plus. 

Son coeur et sa gorge lui semblaient si serrés qu'elle avait de la peine à respirer.  

— Mon ange.. Pardonne-moi.. Maman n'a pas su te protéger.

La tristesse amère au fond de son estomac se teinta d'une volonté de violence inouïe. Elle s'en voulait de n'avoir pas pu le protéger, d'être en vie. Elle voulait mourir elle aussi. 

Se tailler les veines, se jeter sous une voiture ou du haut d'un immeuble, pour rejoindre Raphaël et Jean-Pierre de l'autre côté. 

Alors qu'elle pensait cela, ses ongles scarifiant sans pitié la peau de son cou, dans l'espoir de respirer mieux, elle eut mal, physiquement. 

Cette douleur sembla la réveiller, et, les joues inondées de coulées lacrymales, elle promit : 

— Attends un peu mon ange.. Attends moi avec ton père. J'ai quelque chose à faire. 

Le regard froid, malgré ses larmes, elle regarda la porte du véhicule. 

Il lui fallait disparaître. Devenir une ombre. Se venger. Son coeur de mère, souffrant, se révulsait à cette idée. Si elle avait pu s'allonger à ses côtés et se laisser mourir, elle l'aurait fait. 

Mais elle aurait rouvert les yeux, dans un hôpital, seule, et tout le monde lui aurait dit d'avancer, de passer à autre chose. 

Gwen ne le voulait pas. Jean-Pierre et Raphaël étaient toute sa vie. Elle refusait d'entendre les gens dire : 

— Tu es encore jeune, il faut que tu laisses tout ça derrière toi. 

Non. Elle n'aimerait plus, ne pleurerait plus, n'aurait de répit que lorsqu'elle aurait vengé sa famille. 

Avec la sensation que son coeur était à présent rigide, et lourd, elle se releva, embrassa le front de son fils, caressant doucement sa main. 

— Pardon, mon petit ange.

Et le véhicule s'arrêta, et la porte arrière s'en ouvrit. Aveuglée, elle n'eut pas de temps d'apercevoir une silhouette qu'elle fut aspirée par un portail sonique à ses pieds. 

Lorsqu'elle émergea de l'autre côté, elle se trouvait dans une pièce étrangement silencieuse. L'air était lourd, empreint d'une atmosphère presque irréelle. Gwen se redressa, ressentant la douleur résiduelle de sa blessure. Sa tête bourdonnait, mais elle devait continuer.

Rome au crépusculeWhere stories live. Discover now