Chapitre 34 : Papa, Maman !

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Hôpital Saint-Antoine, Paris. 28 septembre 1994

La journée du 28 septembre avait finalement marqué leur libération de l'hôpital Saint-Antoine. Jean-Pierre et Gwen, encore marqués par leurs récentes blessures, se retrouvaient devant la grande porte automatique, prêts à affronter le monde extérieur.

Ce fut Jean-Pierre qui sortit le premier. Aussitôt, l'odeur si particulière des feuilles mortes qui se décomposaient heurta ses narines. N'importe quelle odeur lui paraissait si agréable après un séjour de quatre jours interminables dans une chambre aseptisée.

Il regarda en arrière pour regarder son épouse.

Gwen, sa cheville emprisonnée dans une attelle, s'appuyait sur des béquilles avec une grâce toute sommaire. Ses yeux verts brillaient de défi, comme si elle se battait avec ses béquilles pour en prendre l'ascendant. À la vue de sa démarche peu assurée, Jean-Pierre retint difficilement un rire. Elle avait la délicatesse d'un canard boiteux. 

— Je rêve ou tu te moques de moi ?! s'interloqua la concernée alors que Jean-Pierre camouflait son sourire derrière sa main. 

— Non, je n'oserais pas..

Elle soupira, s'arrêtant en essayant de poser son pied sur le sol. Elle renonça quand une vague de douleur fusa dans sa jambe et qu'elle grimaça. Baissant les épaule, en équilibre sur sa jambe valide, elle soupira, l'air défait : 

— Oh tu peux.. je me débrouille très mal. J'ai l'impression d'être tellement maladroite. 

 L'homme avisa son visage contrarié et esquissa un fin sourire. Un canard boiteux certes, mais mignon tout de même. 

— Tu vas t'y habituer, mon amour. Cela fait seulement un quart d'heure que tu as ces béquilles. Tu ne peux pas t'y faire si vite..

Il se rapprocha d'elle pour l'encourager. 

— Allez, allons nous asseoir sur ce banc là bas. 

Le visage de Gwen s'illumina d'un sourire et elle chantonna entre ses lèvres : 

Ah m'asseoir sur un banc, cinq minutes avec toi..

Son époux eut un sourire et ils s'assirent ensemble, sous un platane dont les feuilles avaient revêtu de chaudes couleurs oranges et rouges. Gwen soupira encore, appuyant son dos sur le dossier, levant les yeux vers la ramure de l'arbre au dessus d'eux. 

Jean-Pierre, quant à lui, massait son torse avec une grimace. Les douleurs persistaient, mais il faisait de son mieux pour ne pas le montrer. L'air frais de l'automne parisien les enveloppait, une sensation bienvenue après ces jours confinés à l'intérieur.

— Le taxi ne devraient plus trop tarder maintenant, dit-il au bout d'un moment.

— Et la voiture ?

Le manieur de chariot fixa du regard une voiture noire qui entrait dans le parking. Leur voiture, garée non loin du cimetière du Père Lachaise, y était toujours. Et ni lui ni elle n'était en mesure de prendre le volant. Dans quelques jours peut-être, Polnareff pourrait conduire mais en attendant, ils aspiraient à quitter l'hôpital, la capitale, pour se retrouver un peu et se reposer plus sereinement.

— J'ai appelé Enguerrand tout à l'heure. Il doit venir à Paris après demain pour récupérer les nouvelles éditions, il m'a assuré qu'il pourrait revenir avec jusqu'à Poitiers. 

La jeune femme acquiesça lentement la tête. 

Une brise légère se leva et souleva les mèches brunes et argentées et ils se sourirent furtivement. 

Rome au crépusculeWhere stories live. Discover now