Alia

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_ Viens !

Je prends sa main et me dirige vers la terrasse. Je me saisis de mon arc, mon carquois, mes flèches qui baignent dans un liquide vert translucide préparé par Psyché. Courir ! Vite ! La forêt. Il doit me suivre mais nous savons tous les deux où nous diriger. La sécurité du palais est renforcée ; éviter les gardes n'est pas si facile. Une tour ! Le feu s'enflamme au sommet. L'alarme est donnée ; le peuple sait désormais. Vite ! Nous entendons une à une les tours s'allumer. Je me retourne un instant ; la dernière ! Pas de temps à perdre. Hippolyte doit déjà avoir feint de découvrir mes appartements vides. La chasse est lancée. Jamais mes compagnes ne me trahiront. Ilia et Akra sont enfermés. Pas le choix ; ils auraient signalé ma position. Nous sommes seuls. Pourvu que Méphistès soit au rendez-vous. Le temple d'Artémis ! Longer les remparts. L'agitation en son sein est terrible. Hippolyte le fait envahir de ses guerrières, créant la panique parmi les disciples. Elle ne lésine pas sur les moyens mais c'est plausible. J'aurais pu m'y réfugier, tenter un soulèvement des éclaireuses pour me soustraire au combat fratricide. Qu'elles me pardonnent ! Courir encore, jusqu'à en perdre haleine. Iolass prend les devants. Le chemin lui est familier. Parfait, ce sera plus facile. Un hurlement déchire le ciel. Un cri ! L'aigle d'Hippolyte.

_ Cours !

Nous avons de l'avance. Les falaises ne sont plus très loin. Déjà la mer se dessine à l'horizon. Il me fait confiance. J'ai promis. Le martèlement des chevaux. Les loups seront bientôt là. On les entend. La mer ! Là-bas. Sur le soir tombant, on l'aperçoit. Je n'en puis plus. Vingt mètres. Il faudra plonger. Pas d'autre issue, pas le choix. Les loups. Une flèche, pas le choix.

_ Alia ! crie-t-il.

La trirème de Méphistès est là. J'aperçois sa voile blanche fantomatique, seul secours à présent.

_ Alia ?

Pardon ! Pardonne-moi ! Je lâche la corde. Il ne peut pas réagir. Cela va trop vite. Il ne peut pas comprendre. Son regard me foudroie. Lancé en pleine course, un animal se jette sur mon dos. Je tombe à genoux. La flèche, l'antidote ? Dans son épaule gauche ! Exactement comme je le voulais. Le jet l'emporte, il vacille, il tombe !

Je ne crie pas. C'est un atlante, ça ira. Les loups sont à présent une dizaine sur moi. Ils ne me mordent pas, ils m'immobilisent, tels sont les ordres. Plaquée au sol, je ne vois plus rien. Tant mieux, mes larmes ne sont qu'à moi.

DélugeWhere stories live. Discover now