Chapitre 3

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Froid. Il faisait froid dans ce maudit palais. Je déambulais comme possible dans la cour intérieure, du moins c'est ce qu'on m'avait décrit comme tel, tentant tant bien que mal de ne pas tomber sur les nombreux débris présents. Depuis le départ de notre peuple le palais royal au centre de l'île tombait en ruine. De ce fait je faisais de mon mieux pour ne pas tomber.

Mon plan n'avait pas beaucoup plus à Kalomi et encore moins à Persée. Les deux avaient tenté de me faire changer d'avis mais la décision était prise. J'allais servir d'appât pour tuer la Méduse. Je crevais de peur.

Le plan était simple, je faisais mine de chercher quelque chose dans le palais, en faisant négligemment du bruit, pour attirer le monstre à moi. Dans son immense bonté Thalia avait daigné me donner un poignard même si je ne savais pas quoi en faire le métal froid contre ma cuisse me rassurait. L'armure que je portais avait appartenue à ma mère et n'était pas d'une première jeunesse mais elle ferait l'affaire. Je n'allais pas me battre contre le monstre après tout, mon rôle était d'attirer, rien de plus.

Je marchais en rond, un bâton à la main pour tâter devant moi de sorte que je ne percute pas les débris. Les minutes passèrent voir même des heures. Mes jambes commençaient à me faire mal à force de rester debout. Le vent m'avait porté des commentaires désagréables de mes comparses, encore et toujours sur mon utilité au front. Mais cette fois les remarques avaient baissées d'un cran en violence. Ma démarche avait réussi à leur faire comprendre que j'étais aussi déterminé qu'eux. Nous allions récupérer nos terres, nous allions tuer la Méduse.

Une sensation étrange me parcourut le corps. J'affichais un air perplexe et ancrais mes pieds plus profondément dans le sol. Un frisson de terreur me traversa l'échine. Le sol tremblait, comme certaines fois dans notre village. Les tremblements de terres étaient fréquents sur le continent mais jamais trop dévastateur. Ce qui m'inquiétais était la puissance croissante de ce tremblement. Je n'avais jamais senti quelque chose d'aussi fort se déclarer.

J'étais en très mauvaise posture. Il n'y avait de table sous laquelle se cacher ou un chemin facile vers l'extérieur. Ce palais en ruine allait être mon cercueil si je ne trouvais pas rapidement un moyen de sortir.

Pressant le pas, mon bâton tapait furieusement devant moi pour me permettre d'éviter les morceaux de pierres. Mon cœur tambourinait violement dans ma poitrine. Il me faisait presque mal. Le sol se mit à gronder et déchaîna sa fureur.

Je manquais de trébucher mais tint bon. Dans mon esprit un plan vague du palais était dessiné. La sortie était à quelques pas. Si seulement un des membres du groupe pouvait m'aider... Mes pensées volèrent vers Persée, resté au camp pour se remettre de l'attaque d'hier. Il serait venu me porter secours, lui.

Un glapissement de douleur sortit de ma gorge. Mon corps tomba lourdement au sol.

- « Par les dieux... »

Mes mains allèrent trouver ma cheville qui me faisait souffrir le martyre. Un bloc de pierre était tombé du plafond pour se fracasser sur mon pauvre membre. Je retenais les larmes qui menaçaient de couler. Un liquide chaud, mon sang, suintait entre mes doigts. Une plaie assez conséquente s'étendait sur ma peau. J'avais tellement mal. Mais le monde ne pouvait pas attendre que je guérisse de mes blessures. La terre hurlait encore sa fureur et les morceaux du palais pleuvaient sur ma tête. Je pris mon courage à deux mains et me redressais à l'aide de mon bâton. La douleur me donnait la sensation de marcher sur un membre brisé mais je devais avancer. Pour ma vie, ma mère et pour mes amis. Je n'avais pas le droit de mourir ici.

Maintenant, je clopinais entre les rocks en faisant de mon mieux.

Pourtant je tombais à nouveau. Dans ma précipitation je n'avais pas remarqué une faille qui s'étendait devant moi. Ma jambe avait glissé dedans. Je m'étais rattrapée in extremis, le membre toujours pendant, aux rainures des mosaïques du sol.

- « Aller Oria ! Tu peux le faire. »

Je tirais de toutes mes forces sur mes bras pour me hisser hors de ce trou dont je ne savais rien. Mon corps était à deux doigts de basculer du bon côté quand un débris s'écrasa sur mon crâne. Mes mains lâchèrent leurs prises à mon grand désespoir. Mon esprit embrumé compris que nous étions en train de tomber. Puis je percutais le sol. Plus que du noir. 

Venatio Medusae (FxF)Where stories live. Discover now