Chapitre 5

259 20 2
                                    

J'ai passé les deux derniers jours à crier. Dans l'espoir que les autres du groupe m'entendent et me présenter à Médusa. Je lui ai hurlé mon nom, mon âge, mes passions. Je lui ai raconté mon enfance avec ma mère, sur l'île. Le fait que je n'ai jamais vu. Bref en l'espace de deux jour ma pauvre vie avait été en partie déroulée aux oreilles de Médusa. Je ne tarissais jamais d'idée au point que j'en avais presque perdu ma voix. Elle ne m'avait jamais répondu. Pas grave. Je continuais à lui parler, à lui dire que je voulais discuter avec elle pour comprendre comment elle était arrivée ici, que je pourrais dissuader les autres membres du groupe de la traquer. Sans grand succès mais je ne m'arrêtais pas. Cela faisait deux jours que je n'avais ni bu ni manger, le manque commençait à se faire sentir. La nuit je trouvais un coin où je n'entendais pas de serpent ramper, espérant qu'ils me laisseraient tranquille si je les laissais en paix. Je ne demandais rien de plus. Après une nouvelle nuit à greloter de froid, je me réveillais avec des courbatures dans tout le corps.

Je tâtais le sol à la recherche de mon bâton, prête pour une nouvelle journée de cris quand ma main heurta une assiette. Je n'en croyais pas mes mains. Un sourire se dessina sur mon visage, ma technique avait fonctionné.

- « Merci Mé- Mademoiselle ! »

Toujours les lèvres étirées, je m'empressais de festoyer de ce qu'elle m'avait offert. Il y avait une coupe d'eau, un fruit et de la viande dont je ne connaissais pas l'origine. Pas que cela me dérange, j'aurais pu avaler n'importe quoi pour calmer ma faim. À la fin de mon repas, je la remerciais chaudement puis repartais à l'exploration de ce labyrinthe glacé. Pendant ma marche je tergiversais. Médusa venait de m'aider, j'avais réussi à la faire comprendre ma situation, du moins en partie. Cela voulait dire qu'elle avait de l'empathie peu importe ce qu'elle voulait laisser croire. C'était un bon point. Je marquais une pause dans ma marche.

Tu pourrais l'utiliser contre elle... me disait une vilaine petite voix.

Je me mordis la lèvre inférieure, horrifiée par ce que je venais de penser. Je ne pouvais pas faire ça. J'en étais incapable. Je m'en voudrais toute ma vie si je venais à trahir quelqu'un de la sorte. Surtout quelqu'un qui m'avait donné à manger, quelqu'un qui était doté de sentiment. Parce que j'en avais la conviction ferme. Médusa n'était pas celle qu'elle prétendait être. Et autant que je voulais sortir de mon trou, mon envie de connaître cette femme, de savoir comment elle était arrivée ici prenait le dessus. Ma curiosité me tuerait surement.

Encore une fois en me réveillant, je trouvais une assiette remplie de mets simple mais nourrissant. La Méduse ne m'avait toujours pas répondu mais je l'entendais me suivre. Je continuais mon manège, m'égosillant pour qu'elle m'entende, lui racontant des aventures qu'on m'avait contées plus jeune ou lui parlant de tout ce qui me passait dans la tête. Je pensais lui taper sur le système au départ mais il semblait que nous avions un point en commun elle et moi : nous détestions être seules.

Je continuais à babiller encore et encore sur tout et rien quand, trop distraite par ma conversation à un sens, mon pied dérapa et je basculais dans un énième trou. J'eus à peine le temps de me maudire qu'une queue de serpent gigantesque s'enroula autour de moi et me plaça les pieds bien sur terre. Je poussais un soupir de soulagement, avant qu'une vague de panique ne me submerge. Malgré tout, une idée fit son chemin dans mon esprit. J'appelais doucement :

- « Mademoiselle ? »

Une inspiration profonde se fit entendre.

- « Appelle-moi Médusa, Oria. »

C'était la première fois que j'entendais mon nom de sa bouche, aucune hostilité n'en ressortait. Je lui souris de toutes mes dents, montrant que je ne représentais aucuns dangers pour elle.

Venatio Medusae (FxF)Where stories live. Discover now