Chapitre 8

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- « Je vais chercher des fruits. »

J'acquiesçais d'un hochement de tête, la sentant déposer un baiser sur ma joue. J'avais rarement aussi bien dormi que cette nuit. Au lever, rien n'avait changé entre nous, tout était simplement plus tendre.

- « Fais attention à toi. »

- « Bien sûr. »

J'entendais son corps glisser sur le sol et s'éloigner de moi peu à peu. Je repensais à la veille et mes joues s'enflammèrent. Qui aurait pu croire que ma première aventure serait avec une femme. Tout me paraissait si naturel, comme si c'était dans l'ordre des choses. Un petit rire gêné m'échappa, j'étais sur un nuage.

Après un certain temps, je m'attelais à préparer de la viande de serpent. J'éviscérais la bête que Médusa avait attrapé plus tôt. Aussi étonnant que ça puisse paraître, cela ne semblait pas déranger Médusa malgré le fait qu'elle était plus proche du serpent que je ne l'étais. Elle m'avait dit que sa présence attirait les serpents, elle n'allait donc pas se priver de s'en nourrir.

J'étais tellement concentrée sur mon labeur que je ne percevais pas le bruit derrière moi. C'est le bruit d'une botte claquant sur le sol qui me fit sursauter. Je brandis le couteau avec peur et colère.

- « Qui est là ? »

Aucune réponse. La personne chargea sur moi et me plaqua brutalement au sol. Tout l'air présent dans mes poumons s'échappa. L'assaillant tenait mes poignets avec force. Je me débattais comme une furie et donna un violent coup de tête vers l'avant. Mon front rencontra de plein fouet un nez qui craqua. Un cri de douleur résonna, mes mains furent dégagées. Je me redressais le plus vite possible et courus vers les niveaux inférieurs du palais. L'inconnu poussa un grognement de rage, se précipitant à ma suite.

Je courrais encore et encore. Cette personne ne me voulait pas de bien. Il se rapprochait de moi. Mon poursuivant était incroyablement athlétique. J'avais peur, hier la mort avait failli me cueillir, je ne voulais pas que cela se reproduise aujourd'hui.

Mes poumons me brûlait, mes jambes me faisaient mal. Plus je descendais dans les niveaux du palais, moins je connaissais la topographie des lieux. L'horreur me submergea quand je heurtais le coin d'un mur et m'écroulais au sol. Mon épaule blessée avait tapé, et la douleur me donnait envie de vomir. Je tentais de me redresser mais un pied s'écrasa contre mon dos, me renvoyant au tapis. Je connaissais son odeur. Pourtant je ne voulais pas y croire.

L'inconnu me saisit par les cheveux et me redressa de force. J'avais tellement mal à l'épaule que je cru tourner de l'œil.

- « Tu viens avec moi. »

La colère qui résonnait dans cette voix me fit frissonner. Il n'avait aucune raison d'être autant en colère contre moi. Je glapissais :

- « Persée tu me fais mal. »

Un soufflement dédaigneux se fit entendre. La prise sur mes cheveux se raffermit.

- « Ça fera toujours moins mal que ta trahison Oria. »

J'écarquillais les yeux avec horreur. Une lame venait de se placer sous ma gorge. J'étais coincée.

- « Écoute-moi, on s'est fourvoyés, Médusa n'est pas un problème ! »

- « Tu appelles cette chose par son prénom maintenant ? Thalia est morte Oria, Palos, Danai, Amaryllis et Thalis aussi ! Et tu oses la défendre ? »

- « Elle ne fait que se défendre ! On peut trouver un arrangement ! »

Il me vociféra dessus.

- « NON ORIA, NON ! PLUSIEURS MEMBRES DE TON PEUPLE ONT ÉTÉ TUÉS ! »

- « ET EST-CE QU'ILS ONT FAIS AUTRES CHOSES QUE DE ME HAÏR ? DIS MOI PERSÉE ? EST-CE QUE TU SAIS SEULEMENT CE QUE ÇA VEUT DIRE D'ÊTRE UN ÉTRANGER AU MILIEU DE TES PROPRES GENS ? »

Un silence prit place. Malgré la lame contre ma chair ma colère grondait. Je continuais d'un ton acerbe que je ne me connaissais pas.

- « Non Persée, tu n'en sais rien. Tu es aimé par tous. Vénéré par tous. Tout le monde dégouline d'amour pour toi. Tu es un espoir, tu es le soleil même. Mais moi je ne suis rien auprès de ces gens. Rien qu'une infirme qui devrait vivre dans l'ombre et la honte pour quelque chose que je n'ai pas choisi. »

Il ne dit toujours rien. J'aurais tout donné pour voir son expression à cet instant.

- « Et elle me fait me sentir vivante Persée. Comme si mes yeux ne changeaient rien à ma valeur... »

Il murmura :

- « Tes yeux ne changent rien à ta valeur. »

Ce qui restait de mon cœur se brisa. Mon Persée était toujours là, sous cette colère.

- « Reviens au camp, je t'en supplie Oria. »

Je secouais la tête, les yeux humides. Mon corps entier tremblait de façon incontrôlable.

- « Je ne peux pas... »

- « Alors je ne peux pas t'accorder mon pardon. »

Un son mi-chemin entre le rire et le sanglot gratta la gorge de Persée et moi, une larme silencieuse m'échappa. Il me tira hors du palais dans un silence macabre. Je venais de perdre un de mes amis le plus cher. J'espérais de tout mon être que ce que j'avais fait en valait la peine. 

Venatio Medusae (FxF)Wo Geschichten leben. Entdecke jetzt