Venatio Medusae (FxF)

Chapitre 9

Le reste du groupe était là, autour de moi et Persée. Je sentais leur regard perçant sur moi mais gardait la tête haute. Pour une fois, ils avaient une raison valable de me détester, je ne leur en voulais pas. On m'avait accroché à l'aide des cordages du bateau. Les liens me serraient tellement forts que mon sang pouvait à peine circuler correctement.

J'allais servir d'appât contre mon gré cette fois.

On m'avait forcé à m'assoir sur un débris qui avait surement chuté lors d'un des nombreux tremblements de terre. Je tergiversais afin de trouver un moyen de m'enfuir. La tâche n'était pas aisée. Il restait tout de même quatre personnes dans ce groupe qui étaient les guerriers les plus féroces. Je fus tirée de mes pensées par une voix qui me murmura.

- « Ne bouge surtout pas. »

Mon cœur rata un battement. C'était Kalomi. Elle avait survécu. Minutieusement, elle scia les liens qui me retenaient proche de leur point de rupture.

- « Dès que l'occasion se présente, tu cours te réfugier au fin fond de ce palais. Tu n'as pas intérêt à mourir. »

Je secouais presque imperceptiblement la tête.

- « Tu dois partir Kalomi. Elle est trop forte pour vous. »

Je déglutis avant de reprendre.

- « Et en plus elle sera dans une colère noire. Il faut que tu convainques Persée de me laisser lui parler. C'est le seul moyen de sauver vos vies. »

Elle posa sa main sur mon épaule et la serra de façon conciliante.

- « Je ne peux pas... »

- « Kalomi... »

- « Cours dès que tu le pourras c'est tout ce que je te demande Oria. »

Mon cœur me fit à nouveau mal. Je ne voulais pas perdre Kalomi, pas elle. Avec un soupir, je testais la résistance de mes liens. Ils étaient à deux doigts de céder. Bien. Je remerciais mentalement mon amie. Je lui en devais une belle maintenant. Ses pas s'éloignèrent de moi et d'autre s'approchèrent. Je sentais l'odeur soufrée de Minoas.

- « Alors tu t'es bien amusée Oria ? À faire ami-ami avec le monstre ? »

Il m'agrippa le visage à pleine main pour me tourner vers lui. Ses mains calleuses me grattaient la peau et me révulsaient. J'hésitais à lui cracher au visage. Je n'étais plus la gamine peureuse qui avait mis les pieds sur cette île malgré elle, j'étais la femme qui comprenait la Méduse. Je lui souriais d'un air mauvais.

- « Je m'en suis mieux sortie que Danai, apparemment. »

La claque que je reçue fut magistrale mais la satisfaction de lui avoir cloué le bec me contentait amplement. S'il voulait jouer de façon injuste, j'allais jouer de façon injuste même si cela allait jusqu'à me moquer de son amante morte. Je n'affectionnais pas cette femme, je ne lui devais aucun respect. Médusa avait raison, parfois la colère devait être libérée sans quoi elle vous dévorait de l'intérieur. Je commençais à regretter de ne pas lui avoir cracher au visage.

Il m'attrapa par le col de mon armure.

- « Espèce de sale putain ! Regarde-toi, un rejeton haï par tous. »

- « Lâche là tout de suite. »

Persée venait d'intervenir. Il répéta en détachant chaque syllabe.

- « Lâche. Là. Tout. De. Suite. Minoas. »

Le concerné poussa un soupir rageur mais obtempéra. Il ne retint pas de me pousser vers l'arrière. Il bouscula Persée au passage pour surement rejoindre Paris.

- « Souviens-toi de quel côté tu es Persée. Cette sorcière te manipule. »

Le héros ne répondit pas et s'approcha de moi. Il me leva brusquement de la pierre et plaça à nouveau sa lame contre ma gorge. Ce fut à mon tour de soupirer.

- « Ça devient redondant tu ne trouves pas ? »

- « Tais-toi je t'en prie. »

- « Laisse-moi lui parler, vous pourrez repartir en bateau en vie ! »

- « Pour rentrer déshonoré ? Jamais je ne pourrais regarder ma mère dans les yeux si je rentrais bredouille en t'ayant abandonnée ici. »

- « Persée... »

- « N'insiste pas. »

Je me tus alors, me laissant guider vers les étages inférieurs du palais.