Chapitre 4

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C'est avec un grognement de douleur que je me réveillais. Mon crâne me faisait souffrir comme si j'avais bu une jarre entière de cervoise. J'appuyais mes bras pour me redresser. La fraicheur de la pierre me ramenait peu à peu à moi. Je tâtais le sol autour de moi à la recherche de mon bâton. Il fallait que je trouve un moyen de sortir d'ici, la Méduse rôdait en ces lieux. Mes doigts se refermèrent sur le morceau de bois et une vague de soulagement m'envahit. J'avais au moins ça pour m'aider. Ça et la lame de Thalia que je n'avais miraculeusement pas perdue dans la chute. Je marquais une pause avant de me concentrer sur ma cheville. Ma main glissa sur le membre avec stupeur. Un bandage se trouvait là, enserrant délicatement la blessure. Quelqu'un, il y avait quelqu'un ici ! Je me concentrais sur le silence et ce qui m'avait interpellé un peu plus tôt me sauta aux oreilles. Une respiration. Il y avait ici une personne qui m'avait soigné. Je tentais d'une voix faible :

- « Il y a quelqu'un ? »

Un blanc fut ma seule réponse mais je ne me laissais pas décourager. Il y avait une autre personne en ces lieux qui ne me voulait pas de mal. Je n'allais pas laisser cette occasion me filer entre les doigts.

- « S'il vous plait, vous savez comment sortir ? »

- « Tu ne devrais pas être ici. »

Une voix de femme, forte et claire me répondit. Elle m'avait répondu, c'était un bon début.

- « Je vous en prie aidez-moi, il y a un monstre sur cette île et je ne peux pas me battre. »

Je fus brutalement plaquée au mur derrière moi, mon souffle fut coupé. Une force gigantesque me tenait fermement. Je ne comprenais pas ce qu'il se passait. Des serpents j'entendais des serpents siffler dans mes oreilles. La panique me submergea. Peut-être que...

- « Pour qui te prends tu petite insolente ? Je panse tes blessures et tu me traites de monstre ? »

Un hoquet de peur m'échappa. Je me tortillais pour échapper à cette prise de fer sans grand succès.

- « Vous êtes... La Méduse... »

Un soufflement dédaigneux se fit entendre. Le bruit des serpents se fit de plus en plus grand. J'avais presque la sensation qu'ils se frottaient contre ma peau.

- « Je suis Médusa, mortelle. Pas ce nom péjoratif que tes pairs m'ont donné. »

J'avais beau me débattre, rien à faire. Je faisais alors mon mieux pour calmer ma respiration. Un petit rire se fit entendre.

- « C'est une belle expression de peur que tu as là. Regarde-moi dans les yeux ma belle, tu feras une magnifique statue. »

Sa voix était hypnotique même si je ne pouvais pas répondre à sa demande, je levais quand même ma tête vers elle. Médusa expira d'un air confus. Sa main vint trouver mon visage. Elle était glacée et couverte d'écailles.

- « Tu ne voies pas... »

Je tentais tant bien que mal de reprendre ma respiration. Je me trouvais en présence du monstre que les légendes de mon enfance m'avaient décrites. Mon cœur tambourinait tellement fort dans ma poitrine qu'il m'en faisait presque mal. Je ne pensais qu'à mon père à ce moment-là.

- « Vous avez transformé mon père en pierre, comment pourriez-vous être autre chose qu'un monstre ? »

Je ne savais pas d'où ce soudain regain de confiance me venait. Kalomi avait perdu son frère et moi mon père sur cette île, à cause d'elle, à cause de Médusa. Elle claqua la langue d'un air agacé.

- « Comment réagirais-tu si les seules personnes qui viennent sur l'île où tu es bannie sont là pour te tuer ? Dis-moi jeune femme, que pourrais-tu faire à par te battre. »

Elle m'avait coupé toute envie de rétorquer. Ma bouche s'ouvrait et se fermait sans qu'aucun son ne puisse en sortir. Après un certain moment je parvins enfin à dire :

- « Je n'avais pas penser à ça... »

- « Vous n'avez jamais pensez à ça, vous les humains. Je n'ai jamais voulu finir bloquée sur cette île d'enfer seule. Je voulais parler avec les habitants au début mais ils ont voulu me tuer déjà à l'époque. Alors qui la plus idiote de nous deux ? Celle qui se défend ou celle qui attaque sans comprendre l'histoire ? »

La pression sur mon corps se relâcha peu à peu. De sa voix impératrice Médusa déclara.

- « Trouve ton chemin hors de ce labyrinthe sans mon aide Femme qui ne voit pas, tu devrais t'estimer heureuse que je te laisse la vie sauve. »

Le corps contre le mien disparu et je tombais lourdement au sol. Un bruit de rampement comme si un gigantesque serpent ondulait résonna entre les pierres froides du palais. Mon souffle était saccadé et je prie le temps qu'il me fallait pour reprendre le contrôle de mes membres tremblant.

Puis une autre crainte vint faire son chemin dans mon esprit. Celle d'être seule. J'avais toujours détesté être seule. Encore plus lorsque j'étais enfermée au sein de ruines délabrées dans le froid et le noir.

Dans mon désespoir, je me redressais mon bâton à la main, essayant de suivre la direction dans laquelle la femme s'était dirigée.

- « S'il vous plait ne me laissez pas ici ! Je ne pourrais pas survivre ! »

- « Cela ne m'importe que très peu ma belle. Débrouilles-toi seule. »

- « Je vous en supplie ! »

Du silence.

- « S'il te plait Médusa ! »

Elle marqua un arrêt dans sa course. Une main se serra autour de ma gorge. Un couinement de douleur me quitta. Ses doigts s'enfoncèrent profondément dans ma chair.

- « Tu n'as rien fait pour mériter de m'appeler par ce nom, insolente. Essaie encore et je t'arrache la langue en plus de tes jolis yeux. »

Malgré la colère que reflétaient ces paroles, une certaine douleur se laissait entendre.

- « Je - »

Pas le temps de répondre, je fus projetée encore plus violement contre le mur d'en face. Médusa disparut encore plus vite qu'avant, serpentant entre les débris du palais. Une résolution prit le dessus dans mon esprit. Je n'allais pas mourir ici il en était hors de question et s'il fallait que j'aille au contact de la Méduse pour espérer sortir d'ici en vie. J'allais le faire. 

Venatio Medusae (FxF)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant