CHAPITRE 2 | Lévi Hofferson

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Lévi Hofferson

"Le bruit des feuilles mortes qui rayent le trottoir. Mon reflet dans cette flaque, mais je peux plus me voir, ça me rappelle trop toi."
— 𝒩ℯ𝓀𝒻ℯ𝓊

Je regarde autour de moi, mes yeux glissant sur chaque tableau de la pièce horriblement silencieuse. Seuls les bruits aiguës quelques fois sourds des claviers et souris d'ordinateurs cassent le silence, je ne peux m'empêcher de jeter un regard complice à Alaska, qui attend avec un moi dans le calme. Elle sourit de manière gênée, évitant d'éclater de rire comme l'aurait fait n'importe quelle personne face à ce silence morbide.

Je me concentre sur ma respiration, en me balançant sur ma chaise, le temps d'attendre mon directeur technique qui discute derrière la porte avec une personne qui m'est inconnue bien qu'elle soit de mon équipe. Dans le milieu de la Formule 1, nous avons environ trois-mille personnes qui travaillent à nos côtés, et avec ma mémoire d'adulte de dix-neuf ans, je ne retiens aucun nom...

À part ça, nous sommes actuellement dans la salle de réunion des paddocks Ferrari de Monaco. Et nous sommes samedi soir. Les derniers essais libres et les qualifications ont eu lieus, mais ne se sont pas passés comme prévus. J'essaie de garder le sourire, mais si je n'étais pas contraint d'avoir une réunion je serai déjà entrain de pleurer dans ma chambre en mangeant des sushis. On voit bien le dessin du type.

Soudain, Atlas, mon fameux directeur technique que je chéri tant entre dans la salle, claquant la porte, et je sursaute sur ma chaise. Alaska ne peut cette fois pas s'empêcher d'éclater de rire. En arrêtant de prêter attention à elle - pour lui montrer que ça ne m'atteint pas, je vois Théo débarquer et se faufiler pour entrer, en lâchant un faible pardon. Atlas ne rate pas l'occasion de lui lancer une œillade noire. Si mon grand frère avait vu ça, il lui en aurait mit une pas deux. Puis, Théo vient s'installer sur la chaise à côté de moi, en face d'un ordinateur, comme tout le monde.

Je crois que nous n'avons tous les deux pas assumés nos gueules de bois, mais nous étions obligés de piloter aujourd'hui et on n'a pas reparlé de la soirée depuis qu'on s'est vus. Ce que je comprends, car vu comment il était bourré et déconnecté de la réalité, ça m'étonnerait qu'il se souvienne de quoique soit.

Cela dit, Atlas est censé prendre la parole, mais il ne dit rien et nos regards se croisent. Je sens sa fierté dans ses iris, sa fierté d'avoir probablement ruinée ma vie.

Subitement, ce fameux regard de démon se transforme en regard malin qui ne me veut à priori pas du bien. Il me fixe un long moment, de manière insistante. Théo le remarque et se tourne vers moi, tandis qu'il prend un visage intrigué. Je me tourne aussi, et hausse les épaules pour toute réponse.
Atlas arrête son manège, puis prend la parole.

— Lévi, Alaska doit t'annoncer quelque chose. Et les autres, soyez attentifs. Certains savent déjà ce qu'il se passe, mais écoutez la version d'Alaska pour les médias. Si vous faites un faux pas, on est très mal.

Je fronce les sourcils par incompréhension.

Quelques personnes dans la salle suivent le mouvement de Théo qui s'était tourné vers notre patronne, même si ils ne semblent pas plus intrigués que ça. Enfin, moins que moi et mon grand frère. Ils savent déjà ce qu'elle va dire, normalement. Alaska se sent directement honteuse, je devine ce sentiment lorsqu'elle baisse la tête sans trop réfléchir. Par la suite, elle prend un grand souffle tremblant avant de prendre la parole en anglais.

— La... la Formule 1 va prendre une grande ampleur cette année, et pour le moment seuls RedBull et Ferrari sont au courant, s'exprime-t-elle. Récemment une fille de ton âge, Lévi, a signée chez RedBull pour piloter en Formule 1.

HOFFERSON | 1Where stories live. Discover now