CHAPITRE 8 | Lévi Hofferson

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Lévi Hofferson

"Certains pensent avoir besoin de blesser les autres pour exister. On dirait qu'ils cherchent à se guérir d'eux-mêmes par une violence envers les autres."
— ℰ𝓂𝓂𝒶 𝒮𝒶𝓂𝒶𝓇𝓎

8 mars 2024, 23h15.

Lorsque j'étais rentré chez moi après ma discussion avec Stanley, Raven avait déjà pris ses affaires et était partie. Je ne sais pas pourquoi mais je culpabilise. Peut-être parce que je n'ai pas été des plus commodes avec elle, mais comment faire pour garder son calme dans ce genre de situation ?

En tout cas, je n'ai pas vu Sadvoski depuis une semaine, à ma plus grande surprise. Je m'attendais à qu'elle reprenne contact avec moi pour me parler de l'enquête mais aucunes nouvelles. C'était peut-être à moi de le faire.

À présent je marche entre les paddocks, dans la nuit, cherchant peut-être une trace de vie pour animer ma soirée. Normalement je n'ai pas le droit d'être dans le parc fermé à cette heure - où j'étais il y quelques minutes -, mais à force d'y rôder, la FIA a fermée les yeux.

Notre génération de pilote a pour habitude de se donner rendez-vous dans les paddocks ou le parc fermé et se battre la nuit. Aussi con que cela puisse paraître, ça nous détend. La plupart du temps, c'est après les courses et souvent contre le mec qui nous a le plus fait chier durant le week-end - poussé, fait faire des accidents, ou encore juste gêné au stand. Pour le Grand Prix de Barcelone j'espère sincèrement que quelqu'un me gênera histoire de me défouler.

Sinon, je ne suis pas tant surpris de voir que je suis seul, car je suis arrivé une semaine en avance pour pouvoir m'entraîner sur simulateur et étudier la piste. Il y a que Raven que je pourrais croiser dans les parages, ce qui ne serait pas si étonnant. J'ai beau ne pas vraiment la connaître, je sais qu'elle est très travailleuse et veut donner le meilleur coûte que coûte alors venir s'entraîner est essentiel pour elle, ce qui nous fait un point commun.

Je sors des paddocks pour marcher le long de la voie des stands. Les prénoms et les équipes sont déjà notés sur les boxs, je cherche donc tant bien que mal celui de RedBull mais je présume qu'il est le dernier, tout au fond de la pit lane. J'arrive à voir de loin que les lumières sont allumées, signe que quelqu'un est dedans. Certainement Raven.

— Sadvoski ? j'appelle lorsque je rentre dans le box.

J'aperçois son visage se lever, et ses yeux bleus et verts en amande me fixer d'un air dur. Elle n'est pas surprise non-plus de me voir ici. Faut croire qu'on commence à se connaître. Elle regardait son ordinateur, debout, installée sur une table haute. J'arrive à distinguer dans le reflet de la vitre derrière elle qu'elle ne regarde pas des statistiques, mais plutôt des recherches sur internet.

Elle baisse les yeux sans plus me donner d'intention, comme si ma présence la dérangeait, ce qui me vaut un petit haut de culpabilité. Pourtant, elle ne part pas - ce qu'elle aurait fait en temps normal. Elle va juste s'assoir sur une table qui se tient au milieu du box, à la place de la monoplace en semaine de course.

— J'ai fait mes recherches sur l'accident de Jony, dit-elle soudain, et j'ai appris que les redifs du on board ne sont plus disponibles nul part, à part dans les archives de la FIA. Tout a été supprimé des réseaux.

Ça commence bien...

— On peut faire sans le on board, non ? tenté-je du tac-au-tac. On peut peut-être voir quelque chose avec les autres caméras ?

HOFFERSON | 1Where stories live. Discover now