CHAPITRE 5 | Raven Sadvoski

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Raven Sadvoski

"Quand deux étoiles sont trop proches, et que l'une d'entre elles explose il arrive qu'elle condamne l'autre étoile à errer sans trajectoire sans l'univers. On les appelle les étoiles vagabondes."
— 𝒩ℯ𝓀𝒻ℯ𝓊

Un vent glacé et humide vient frôler mes cheveux une fois ma cagoule, mon casque et ma hans retirés. La pluie s'est arrêtée depuis un bon moment maintenant, mais l'humidité et l'odeur fraîche sont restées comme accrochées à cette magnifique principauté qu'est Monaco.

Je souffle un bon coup, à croire que cela allait me réchauffer. Puis j'attrape rapidement ma gourde, décorée par le logo de RedBull Racing, tout en jetant malgré moi une œillade furtive à Hofferson qui discute en compagnie d'Alaska Ackerman, notre directrice - mais également une bonne amie, depuis peu.

Je lis l'inquiétude dans le visage de la blonde aux yeux bleus. Alaska est quelqu'un de stressée qui ne prend rien à la légère même les choses les plus infimes, alors je ne m'y intéresse pas vraiment.

Alors que je tourne ma tête et aperçois dans mon champ de vision mon frère, Ryo Sadvoski. Ryo est un peu plus grand que moi, mais je peine quand même à le voir sans me faire éblouir par la lumière du Soleil derrière les nuages gris. Il est blond aux yeux verts et bleus. Nos iris sont certainement notre seul point commun ; nous sommes les contraires sur tout le reste, Ryo tient de notre mère, et moi, j'ai eu le malheur de tenir de notre père.

Mon frère est transgenre, et pilote. Certains trouvent ça étonnant mais pour moi c'est juste un garçon pilote, car je sais mieux que quiconque qu'il n'aime pas se dire transgenre. Pas par honte, au contraire, plutôt parce qu'il est seulement un homme, il ne cherche pas la complexité.

Lorsque nous étions jeunes, il rêvait que de trois seules choses ; des opérations, des hormones, et être pilote de monoplace. Mais nous n'avions pas les moyens lorsqu'il a atteint l'âge de seize ans pour des hormones, alors nous avions dû travailler ensemble malgré le karting pour avoir un peu d'argent et un psychologue. Mais au final, nous avons réussi - du moins, il a réussi, et a réaliser ses rêves et son objectif.

Son objectif de pilote était celui qu'il redoutait le plus car pour lui, comme il était transgenre, il ne pouvait pas réussir. Mais au contraire ! Ça a fait parler, et nous avons tous les deux pu atteindre la Formule 1 en même temps.

— P2 ! s'exclame-t-il, toujours derrière son casque.

Je lui saute dans les bras, euphorique. Un sourire s'affiche sur mon visage ; je suis heureuse de pouvoir courir à ses côtés tout en me disant qu'il sera toujours là pour moi et pour m'aider quoiqu'il arrive. Sur ce point-là, je lui en serai toujours redevable. Je suis si reconnaissante de tout ce qu'il m'a offert. Il m'a fait faire des tests dans une Formule 1, et maintenant, grâce à lui, je me retrouve au volant d'une de ces fameuses monoplaces tant admirées par le monde entier. En toute franchise, je dois tout à mon frère.

— Et toi, t'as fini combien ? le questionné-je lorsqu'il me lâche.

Il ne répond pas sur l'instant, ce qui me fait prendre un air interrogatif. Pour attendre sa réponse je fronce les sourcils tout en comprenant qu'il n'est pas fier de lui. J'essaie de deviner dans ses yeux ses émotions, c'est possible que je me trompe mais je ne vois rien par faute de sa visière qui n'est pas relevée au maximum.

Cette fois je hausse les sourcils et baisse mon regard pour apercevoir qu'il joue avec ses doigts ; un tic nerveux que son meilleur ami du collège lui a malheureusement refilé. Malgré ça, je ne peux qu'admettre que ça m'arrange ; ça me permet de savoir lorsqu'il est anxieux. Ainsi, je peux l'aider - il est hypersensible mais n'ose jamais demander de l'aide par honte, et aussi par peur qu'on le trouve lâche.

HOFFERSON | 1Where stories live. Discover now