CHAPITRE 7 | Lévi Hofferson

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Lévi Hofferson

"La tolérance c'est aussi apprendre que les autres peuvent souffrir autant que toi."
— ℰ𝓂𝓂𝒶 𝒮𝒶𝓂𝒶𝓇𝓎

Ce n'est pas le genre de bar riche où tout le monde se vente de son dernier bijoux acheté au premier prix. Non, c'est plutôt le genre de bar fait pour les alcooliques qui dépensent leur tune pour pouvoir mourir plus tôt.

Assis sur une chaise-haute, je suis adossé sur le comptoir en attendant impatiemment mon simple verre d'eau. Capuche sur la tête, casque caché sur mes cuisses, je prie intérieurement pour que personne ne me reconnaisse. De plus, j'ai l'air ridicule ; mes yeux sont rouges et gonflés, et mes cernes violettes se font sûrement voir à des kilomètres à la ronde. Ce qui est certain est que je ne suis pas en état de parler à des fans, ou même de faire des photos. Surtout les photos.

Lorsque mon verre arrive je fais un faible sourire au barman pour le remercier, mais j'ai l'impression de plus lui faire peur qu'autre chose vue la gueule qu'il tire. Je ne bois pas tout de suite, repensant à la discussion que je viens d'avoir avec Raven.

Enxio y est pour quelque chose.

J'ai envie de savoir qui est ce type, ce qu'il a bien pu faire à mon père. Sadvoski pense que je vais juste enquêter auprès d'elle pour savoir comment s'est passé l'accident, mais je vais aussi chercher qui est Enxio, car ma coéquipière ne me le dira pas d'aussitôt. Si il était proche de mon père ça ne doit pas être si compliqué que ça.

Je me fais tirer de mes pensées en voyant quelqu'un arriver, c'est un homme d'une cinquantaine d'année, portant une veste en cuir qui grince à chacun de ses mouvements. Il s'est accoudé au comptoir, laissant son bras tendu sur celui-ci. Je peux apercevoir ses nombreuses bagues assez basiques, noires et grises - un point commun. Je ne cherche pas à regarder son visage lorsque j'entends sa voix rauque résonner par-dessus le brouhaha ; il commande une bière avant de s'assoir à mes côtés.

Je sens son regard brûlant sur moi, alors je fronce les sourcils, me demandant si il m'a reconnu ou si c'est juste un alcoolique qui compte me casser la gueule dans les plus brefs délais. Et dans les deux cas, ça ne m'arrange pas. Soudain je sens sa main agripper ma capuche pour me l'enlever. Dans l'immédiat, je tourne la tête vers lui en m'apprêtant à partir ou l'engueuler mais le visage que j'aperçois me fait écarquiller les yeux.

Oh bordel, pas lui.

Stanley Elska. Un ancien pilote de Formule 1 Réunionnais et maudit du sport automobile depuis son accident. Des rumeurs tournent disant que c'était un suicide à cause du décès de Jony mais d'autres disent que ce n'était pas volontaire, juste une erreur de sa part. En tout cas, pour une raison que j'ignore, le monde entier clame qu'il est maudit de ce sport, alors lui-même l'a cru et n'a plus jamais couru depuis des années. Pourtant, je le connais - je l'ai déjà vu quelques fois dans Monaco même si c'est le genre de personne que je ne peux pas supporter. Âgé mais pas trop et en forme, cheveux gris en légère frange, yeux bleus et avec cet affreux air hautain qu'il porte sans arrêt. Même si il était le meilleur ami de mon père, je ne l'ai jamais apprécié.

Je pense qu'il ne peut pas me saccader non plus. Les seules fois où il m'a adressé la parole étaient pour me dire que je pilotais mal, que je n'étais qu'un gamin égocentrique ou ce genre de chose dont je n'en ai rien à foutre. Ça fait déjà un an que nous nous sommes pas vus, je pensais qu'il allait m'oublier mais cette vieille peau est apparemment obstinée à m'embêter.

HOFFERSON | 1Where stories live. Discover now