HOFFERSON | 1

CHAPITRE 1 | Lévi Hofferson

Lévi Hofferson

"Notre histoires est un trésor, enfermant la vérité. Symbole d'espoir laissé dans les cieux, deux âmes sœurs, les yeux dans les yeux. Deux miroirs en face l'un de l'autre, reflétant l'éternité."
－ 𝒩ℯ𝓀𝒻ℯ𝓊

Elle.
Son regard qui ne demandait que de l'aide.
Son regard qui m'a changé.
Son regard que j'ai oublié.
Putain d'amnésie.

Je l'aimais.
Mais c'était impossible.
Elle était la galaxie, j'étais une étoile.
Juste une étoile filante.
Un astéroïde qui n'était pas à sa place.

Je laissais ma traînée derrière moi.
Je laissais une marque à chaque mort.
À chaque pas.

Et à elle, je lui ai laissée la trace de ma mort.

Le monde tourne à l'envers.
Comment ai-je pu passer du Soleil à la Lune ?
Comment a-t-elle pu passer de l'étoile au trou noir ?
Vide, sans émotion.
Inconnue, et mystérieuse.

Tout ça n'est qu'une boucle.
Je l'ai changée, je l'ai aidée, mais je n'aurai pas dû...
Je n'aurai pas dû mourir.

                                                               4 mars 2024, 1h00.

Un endroit pommé dans cette merveilleuse principauté qu'est Monaco, accompagné d'un suicidaire et son grand frère atteint du syndrome du sauveur. On va avoir un titre à ce stade-là. Ah, et j'allais oublier ; un splendide toit duquel le suicidaire - autrement dit, moi - peut sauter à tout instant.

La veille des qualifications, mais aussi le soir des essais libres totalement foireux dans un calendrier des plus originals, me voilà en train de me défoncer avec mon coéquipier qui est donc mon frère, en compagnie d'une petite pensée suicidaire qui me tiraille l'estomac. Mais je ne peux pas le faire maintenant, car il y a mon frère, Théo Hofferson. Le mec le plus sympa que je puisse connaître - après moi, bien sûr. Il veut toujours aider les autres, ne pense qu'aux autres et à sa meuf - Adèle, tout aussi adorable que lui. Bref, le portait du type le plus agaçant qui n'est jamais existé mais incroyable. Oh, et sans compter leur couple que je jalouse tant. Parfois, je me demande pourquoi certains n'ont pas le bonheur qu'ils méritent. Peut-être que je ne le mérite pas, je ne sais pas. Ta gueule, ça sera mieux pour tous.

Deux pilotes pour Ferrari en Formule 1 au bord de la mort. Wouah. Mon frère balance ses jambes dans le vide, assis sur le toit de l'immeuble le plus grand de Monaco - la tour Odéon. Facile de monter quand on est pilotes, surtout que les autorités s'en foutent ; ils se concentrent seulement sur le week-end de course cette semaine, ils doivent être en train de planifier la façon dont ils vont s'organiser demain, ou dormir, va savoir, et je m'en branle de ce qu'ils font, temps qu'on ne se fait pas chopper, moi ça me va.

Enfin bref.

De mon côté je suis debout, la jambe suspendue dans la vide alors que je tiens en équilibre avec ma bière dans la main droite, à moitié vide. Faut croire que je tiens pas bien l'alcool, je sens que je suis déjà défoncé après trois bouteilles. Théo s'en est par contre enfilé six mais commence tout juste à être soûl. J'imagine que c'est de la faute de mon adolescence puisque je ne suis jamais allé en boîte ou en soirée, et par la même occasion aussi jamais bu. Je ne sais plus quand j'ai commencé à goûter à l'alcool, je crois que c'était avec mon ex. Cette salope de Zoé Lop. Huit mois de relation et elle me trompe avec un plan cul quand on avait seulement dix-sept ans. Maintenant j'en ai dix-neuf, sauf que j'ai toujours une haine incompréhensible envers elle.