Chapitre 6: Taylor

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Le crépuscule s'est déjà installé sur la ville lorsque la sonnette de la porte d'entrée retentit. J'ai raccroché avec Anna depuis une vingtaine de minute. Discuter avec elle m'a vraiment permis de me détendre. Néanmoins, le moment que j'appréhende le plus est sur le point d'arriver. Je n'ai encore jamais invité Jason à revenir ici depuis notre rupture et j'espère que mon invitation à dîner ce soir ne va pas trop le conforter dans ce qu'il s'imagine.

Lorsque j'ouvre, il me sourit et me dépose un énorme bouquet de fleurs dans les bras avant de déposer un baiser sur ma joue.

-Salut, je souffle du bout des lèvres.

Je l'invite à entrer et la scène me paraît tout à coup très bizarre. Cet endroit il le connaît déjà, il était déjà venu pleins de fois pendant notre relation mais désormais beaucoup de choses a changé et je suis mal à l'aise. Il doit le ressentir car il ne sait pas quoi faire de ses mains et me demande si il doit aller mettre les fleurs dans l'eau.

-Non, je t'en prie, assieds-toi je vais le faire, je dis en sortant de mon malaise.

Je me dirige vers la cuisine et fouille les placards à la recherche d'un vase. Je ne sais pas pourquoi je me sens si nerveuse ni pourquoi je trouve important de choisir les mots adéquats pour lui parler. Je veux dire que ce n'est pas comme si je lui devais réellement quelque chose. Pourtant Jason à cet effet sur moi. Je me sens toujours obligée de me justifier.

-Ta mère n'est pas là ? Me demande-t-il depuis le salon.

-Non elle est sortie, elle a son cours de yoga.

C'est la vérité mais en disant ça j'ai l'impression de lui donner la permission pour qu'il se passe quelque chose entre nous et je ne sais pas comment lui faire comprendre que mon avis n'a pas changé depuis la dernière fois.

Je réapparais dans le salon et pose les fleurs sur la table ou j'ai déjà dressé le couvert. Je m'affaire en silence et c'est seulement lorsque nous commençons l'entrée qu'il se décide à me faire la conversation.

-Je suis content que tu m'aies invité, me sourit-il.

-Moi aussi, je répond poliment.

Il commence à se lancer dans un monologue sur la nécessité d'un appartement en plein New-York ou quelque chose comme ça. Je ne l'écoute déjà plus. Dans ma tête je ne pense plus qu'à mon retour à Chesapeake et si jusque là je craignais un peu cette décision, je me surprends, en réalité, à être réellement pressée à cette idée.
Je hoche la tête de temps en temps mais je sais qu'il n'est pas dupe. Mon regard se fait souvent absent et mes réponses ne sont constituées que de monosyllabes quand je parviens à me souvenir de lui répondre. C'est lorsque nous atteignons le dessert que je me lance enfin:

-J'ai besoin de partir un moment.

-Ah oui ? Tu pars en voyage ? Tu as raison, des vacances c'est important en plus tu ne peux pas vraiment choisir avec le calendrier scolaire. Tu vois si tu avais gardé le droit, tu pourrais choisir entre tes contrats, c'est quand même beaucoup plus...

Je me fiche complètement son avis. Même si Jason cherche à être attentif et bienveillant, il y a parfois des côtés de sa personnalité qui cherchent à flatter son ego d'homme financièrement aisé et à critiquer mon métier de simple enseignante. C'est toujours sous couvert de conseils et il faut avouer qu'il avait fait pas mal de progrès pour les gommer mais chasser le naturel et il revient au galop. Je crois qu'il s'en rend compte car il me prend la main.

-Non mais c'est super ce que tu fais, hein.

Oui, enfin je n'ai pas à prouver quoique ce soit non plus. Mon changement de carrière c'est bien l'un des seuls aspects de ma vie que je défends avec une rage presque animale. C'est peut être parce que je me sens moins égoïste de tenir une promesse faite il y a trois ans. J'avais promis de ne pas abandonner ce qui me faisais vibrer dans ce métier et je sais que je peux au moins contrôler cet aspect-là de ma vie.

My Darkest Confessions (2)Where stories live. Discover now