Chapitre 8: Taylor

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La semaine est passée à une vitesse fulgurante. Entre les préparatifs de mon départ et Sarah qui m'a obligé à faire plus de cartons de prévu « juste au cas où », je n'ai pas vu le temps défiler.

C'est seulement une fois avoir passé le panneau de Chesapeake que je me rends vraiment compte de ce que je viens de faire. Je m'attendais à ressentir beaucoup plus de choses en passant les frontières de la ville mais il est peut-être trop tôt pour cela. Nous traversons la ville et nous nous arrêtons devant le bâtiment de Anna qui se trouve un peu plus loin que le centre ville dans un quartier calme et pas si éloigné de la faculté. C'est l'endroit idéal.


-Je ne me souvenais pas que c'était si mignon, commente Sarah en sortant de la voiture.


C'est vrai, la dernière fois elle n'a pas vraiment eu le temps de faire une visite digne de ce nom puisque sa petite sœur était à l'hôpital. Voilà ça commence, les souvenirs de la façon dont j'ai quitté Chesapeake m'envahissent et une bouffée de culpabilité émerge. Elle est vite chassée par Anna qui se précipite hors de son bâtiment pour nous accueillir.


-J'y crois paaaaaaas, hurle-t-elle en se jetant dans mes bras.


J'ai le souffle coupé par le choc de son corps qui se colle brusquement au mien mais j'oublie tout ça bien vite car sa joie est communicative. Anna salue ensuite Sarah, qu'elle avait déjà vu une fois lorsqu'elle est venue me rendre visite à New-York l'an dernier. Puis sans plus de cérémonie, elle nous entraîne à l'intérieur pour nous faire visiter l'appartement. Son flot de parole est rapide, j'ai du mal à suivre mais son énergie m'avait manqué. Anna m'avait manqué. Elle me laisse découvrir ma chambre, assez spacieuse pour y installer tout mon bric à brac et de quoi travailler les sujets de mes cours. Comble du bonheur, je possède ma propre salle de bain !

Anna me montre ensuite les parties communes et je m'émerveille devant la cuisine équipée et le salon cosy. Si ma colocataire est survoltée, son goût est sûr et je me sens presque déjà chez moi.

Nous passons une partie de la matinée à rire et à nous raconter en détails nos quotidiens respectifs, je vois bien que mon amie prends soin de ne pas s'égarer trop loin dans nos discussions pour qu'elle ne vire pas sur ma vie ici il y a trois ans. Néanmoins le cas de Maya s'impose à nous. Je vais devoir aller la voir mais dès que ce sera le cas, je sais que la totalité des Red Ravens sera mis au parfum et avec eux l'homme dont je crains le plus la réaction.


-C'est le moment où j'avoue que Maya est déjà au courant de ton arrivée et qu'elle t'attends chez elle ?


-Je te demande pardon ? Je m'insurge


Je ne suis pas du tout prête pour ça ! C'est trop soudain, je viens à peine d'arriver. Je pensais passer une soirée tranquille et voila que mes angoisses me tordent de nouveau le ventre. Ce n'est même pas vraiment Maya qui m'inquiète bien que sa réaction me préoccupe.


-On est venues pour ça, Taylor, dit Sarah en haussant les épaules.


-Tu le savais ? Je l'accuse.


-Je te jure que non mais je te connais, je sais que tu va repousser le moment au maximum. Au moins la tu n'as pas le temps d'y songer et de lister toutes les mauvaises raisons qui n'existent que dans ta tête.


Elle n'a pas tort et je les laissent me conduire jusqu'à chez Maya non sans ronchonner et prier pour que son mari ne soit pas là. Je voudrais en vouloir à Anna quand nous sonnons chez notre amie mais je n'y arrive pas. Il est temps que j'assume les décisions que j'ai prises.

Lorsqu'elle ouvre, je marque un temps d'arrêt. Maya est rayonnante et fatiguée à en croire les cernes qui creusent son visage.


-Oh ma Taylor, elle pleure en m'encadrant de ses bras tant bien que mal.


My Darkest Confessions (2)Where stories live. Discover now