Comme un Apollon.

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Quelle injure ai-je faite ? Quel mépris ai-je témoigné ? Je ne me souviens d'aucune injure, d'aucun mépris. Pourtant, j'ai l'impression d'être punie. J'ai l'impression que s'est vengé de moi Cupidon. Quelle injure vous ai-je faite, Cupidon ? Quel mépris vous ai-je témoigné, Cupidon ? Quel crime ai-je accompli, quel est mon crime qui mérite vengeance ? Je suis comme un Apollon. J'ai l'impression d'avoir offensé Cupidon, comme Apollon s'était moqué de son arc. J'ai l'impression que Cupidon me punit, comme il avait puni Apollon.

Cupidon a tiré deux flèches : une flèche d'or s'est figée dans mon cœur et une flèche de plomb s'est planté dans le tien. Cupidon a tiré deux flèches : je me suis enflammée d'amours ardentes  et tu t'es glacé dans une froideur indifférente. Dorénavant, je me lève, je marche, je cours vers toi, mais tu disparais, tu pars, tu t'enfuis. Je t'approche, me saisis de ta main mais, tes membres se raidissent en écorce. Je t'approche, me saisis au bout de mon doigt d'une mèche brune mais, tes cheveux verdissent en feuillages. Je t'approche, caresse tes phalanges mais, tes doigts s'étendent en rameaux. Je t'approche, chatouille tes orteils mais, tes pieds se changent en racines. J'ai l'impression qu'en t'approchant, comme Daphné à Apollon, tu me refuses, comme Daphné pour Apollon, tu te transformes en laurier.

J'ai l'impression d'avoir offensé Cupidon, je suis comme un Apollon pleurant Daphné au pieds de ses racines plantées dans la terre. 

Cœur briséOù les histoires vivent. Découvrez maintenant