La rencontre

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Le gazouillement des oiseaux réveilla Amandine tout en douceur. Les premiers rayons du soleil se dévoilaient progressivement et répendaient leur luminosité sur tout le château. L'air était frais. La chaleur étouffante des derniers mois avait disparu. L'été s'en allait petit à petit.

Le rose de la chambre d'Amandine commençait à lui sortir par les yeux. Il faudrait qu'elle pense à changer de temps en temps. Elle qui croyait qu'elle passaserait des nuits paisibles grâce à son lit douillet, elle enchaînée les nuits blanches.

Cela faisait maintenant près d'un mois qu'elle était installée à Tiraline. Elle n'était pas partie malgré l'avertissement du frère de M.Mollet. De toute manière, elle ne pouvait pas. Ce n'était pas si simple. Il n'y avait pas qu'elle dans cette histoire. Il était déjà trop tard maintenant.
Pourtant, toujours aucun signe de son futur mari. Elle se sentait délaissée et humiliée. On l'avait précipitée à quitter Celles, à quitter sa vie, et voilà que son fiancé ne voulait vraisemblablement pas la rencontrer ! C'était si injuste !

Elle arriva à se demander si cette union allait vraiment avoir lieu, le mariage était prévu pour fin août. Selon ses estimations, elle devrait déjà être fiancée. Néanmoins, aucune bague ne venait orner son annulaire gauche.

Amandine s'ennuyait terriblement dans cette immense demeure. Elle avait fait le tour du château et des jardins un nombre incalculable de fois. Elle en connaissait chaque recoin par cœur et étrangement, la beauté des lieux semblait perdre en splendeur chaque jour de plus. Elle se sentait seule. La gaieté de sa campagne lui manquait énormément.

Ainsi, elle avait tenté de s'occuper comme elle le pût.
Elle écrivait des tonnes de lettres inintéréssantes à Francesco. Lui, ne répondait que par quelques mots, sans jamais évoquer son état de santé.
Malheureusement pour Amandine, les étagères des bibliothèques ne contenaient que des livres sociologiques, économiques, philosophiques ou scientifiques. Bref, incompréhensibles.
Toutes les salles avec des jeux d'argent s'inscrivaient dans la même lignée : les règles étaient trop nombreuses pour qu'Amandine comprenne l'intérêt final.
A la place, elle apprit à connaître le personnel de la maison. Les cuisiniers, les valets, les palefreniers, le cocher et les femme de chambre.

Et plus particulièrement Annette. Au fil des jours, elle développa une sincère amitié avec cette femme. Elle était bien élevée, attentionnée, généreuse et appliquée.
Amandine fut surprise de voir à quel point elle était parfaitement civilisée malgré son statut social. Elle ne prononçait jamais un mot au-dessus de l'autre, et son élocution relevait de l'art.

D'ailleurs, Annette était bien plus belle qu'Amandine. Elle devait avoir deux ans de plus qu'elle. Ses cheveux mi-longs, bruns et lisses, étaient toujours excellemment bien coiffés, et relevaient en une haute queu de cheval. Ses traits de visage étaient réguliers et gracieux. On avait tendance à se perdre dans le bleu de ses yeux. Son corps, grand et mince, évoquait celui d'une mannequin.
Absolument tout l'opposé d'Amandine.

Elle ne se plaignait jamais et se rendait toujours disponible. Elle passait des journées pénibles à aider en cuisine, à étendre le linge, à plier le linge, à faire les courses, à ranger les courses, et à astiquer chaque recoin du château. Elle commençait très tôt et finissait très tard. Ses mains étaient terriblement abîmées par les produits ménagers.
Souvent Amandine éprouvait de la peine pour elle. Elle essayait même de l'aider lorsqu'elle le voulait bien. Amandine en était sûre, sans la saleté de ses mains et la suie sur son visage, Annette aurait eu un succès fou à la cour. Et en réalité, elle aurait eu du succès auprès de n'importe qui, même vêtue de ses haillons.

Amandine et Annette tisèrent des liens forts entre elles, et développèrent une profonde confiance mutuelle, c'était comme si elles s'étaient toujours connues. Le monde qui les séparait, c'est-à-dire la bourgeoisie et la pauvreté, n'avait plus aucune importance.
C'est en cela que l'on peut construire de véritables amitiés. Il faut apprendre à connaître l'autre et l'accepter tel qu'il est pleinement.

La Première Dame Where stories live. Discover now