Libre

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C'est un d'un pas déterminé, confiant et assuré que Amandine montait les marches du perron. Il était temps d'avoir une discussion sérieuse avec l'homme qu'elle appelait son mari.
Elle savait tout à fait ce qu'elle devait faire pour retrouver sa liberté.

Or, lorsqu'elle arriva dans le château, il n'y avait personne. L'endroit était plongé dans l'obscurité. On aurait dit qu'il était abandonné. Les meubles étaient recouverts de draps blancs, et les lustres avaient été retirés. La seule lumière qui éclairait les pièces était celle du soleil, qui passait à travers les fentes des volets. Une forte odeur de renfermée et de bougie éteinte émanait de part et d'autre.

Mais Amandine ne se posa pas davantage de questions. Le temps des interrogations était révolu. Il fallait passer à l'action dorénavant.
Sans prêter attention à cette atmosphère étrange, elle se dirigea tout droit vers le bureau de M.Mollet.
Elle ouvrit la porte avec tant de violence que la poignée se détacha.
Elle haussa les épaules face à ce bout de bois dans ses mains, et le balança dans un coin de la pièce.
Elle n'avait plus une minute à perdre.

Amandine ouvrait chaque placard, chaque tiroire avec une puissance qu'elle se découvrait elle-même. Elle n'avait que faire des papiers qui s'éparpillaient partout, ou de l'encre bleue qu'elle avait renversée, ou du véritable désordre qu'elle faisait.
Elle avait mis sa conscience en pose. Elle était obnubilée par la colère. Cette fureur qui était enfouie en elle depuis une année était en train d'exploser. Amandine perdait le contrôle de tous ses moyens.

C'est à ce moment-là qu'elle l'aperçut enfin.
Ce papier. Cette signature. Ce contrat.
Francesco avait raison. On avait toujours le choix. Et Amandine choisit la liberté.

Elle déroula le parchemin.
Elle sortit une allumette de sa poche.
Elle l'alluma et brûla son contrat de mariage.
Le feu consumait le papier, d'abord sur les bords, puis se répandant rapidement sur toute la feuille, faisant disparaître l'écriture.

Elle n'était plus liée à lui juridiquement maintenant. Il n'y avait plus aucune preuve comme quoi elle avait appartenu un jour à cet homme.
Amandine se dit qu'elle aurait dû agir ainsi bien avant.
Mais, mieux vaut tard que jamais.

Elle prenait un malin plaisir à voir sa signature tremblante prendre feu. Un sourire narquois se dessina sur son visage. Il s'agissait de la chose la plus satisfaisante qu'elle ait faite depuis longtemps.
Elle jeta les restes de papier dans la poubelle et s'en alla, sans rien ranger.

Amandine aurait bien retrouvée Annette pour lui raconter la folie qu'elle venait de faire, mais visiblement le château était totalement déserté par les domestiques.
Qu'importe, il lui restait encore à faire.

Elle descendit les marches du perron précipitamment, et ne tomba même pas !
Elle courait presque pour quitter cet endroit.
Cet enfer.
Son sourire ne voulait pas quitter ses lèvres. Elle avait l'impression que des ailes lui poussaient dans le dos, qu'elle n'était plus retenue par des chaînes, elle arrivait à respirer à son aise.

Mais, alors qu'elle s'apprêtait à passer le portail aux barreaux de fer rouillée, elle s'arrêta brutalement.
Elle avait failli oublier de les aider aussi !

Elle partit en direction de l'abri de jardin et fouilla dans les nombreuses caisses en bois, jusqu'à ce que...bingo !
Exactement ce qu'elle voulait !
Un immense marteau ressemblant à celui du Dieu grec Thor.

Elle le souleva, non sans difficulté, sur son épaule.
Les centaines de merles-bleus volaient dans tous les sens dans leur immense cage à oiseaux. Ils gazouillaient, mais Amandine le comprit comme des cris de détresse.
Avec toute la force qui lui restait, elle souleva le marteau le plus haut possible, et assainit un coup dans les vitres de la cage.

La Première Dame Waar verhalen tot leven komen. Ontdek het nu