Aparté

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Il avait recommencé.
Pourquoi déjà ?
Il s'en voulait.
Il avait dit qu'il ne recommencerait pas.
Il avait juré sur son cœur. Plus jamais.
Mais il avait refait.
Et il risquait de le refaire.
Elle aussi elle partirait.
Il se retrouvera tout seul, comme lui. Il mourra, comme lui. Il finirait, comme lui.

Aris se regardait dans la glace de sa salle de bain.
Sa tête tournait dans tous les sens et il ne voyait plus clair.
Il avait bu. Il avait fumé. Beaucoup trop, comme toujours.
Pourquoi elle ne revenait pas ? Elle avait encore peur de lui ? C'est possible, lui-même avait peur de lui.
Il se détestait. Il se dégoûtait.
Il se regarda. Il ne voyait rien à cause de ses cheveux noirs sur ses yeux.
Il les ramena en arrière.
Il avait chaud. Très chaud.
Il se mit torse-nu, la peau tremblante à cause de l'humidité de la salle. Pourtant, il suffoquait.
Il planta ses yeux noirs dans son sombre reflet.

C'était quand la dernière fois qu'il avait mangé ? C'était quand la dernière fois qu'il avait dormi ? C'était quand la dernière fois qu'il avait ri ? C'était quand la dernière qu'il ne sentait pas vide ? Mais avait-il seulement été rempli un jour ?

Aujourd'hui, il venait de fêter son anniversaire. Il y avait plein de monde dans sa maison qu'il ne connaissait pas. Il détestait ce jour. Cela voulait dire qu'il avait vécu une année de plus. Les années s'enchaînent mais ne s'arrêtent pas. Pourquoi cela ne s'arrêtait pas ? Tout a une fin non ? Alors, pourquoi pas maintenant ?

Il se scruta sous tous les angles. À son goût, il lui ressemblait beaucoup trop. Non, rectification, c'était son portrait craché. Il était riche, comme lui. Il avait du pouvoir, comme lui. Il menait la même vie de débauche que lui.

Aris commença à trembler. Cela devait être les effets de l'alcool. Ou du tabac. Ou des deux à la fois.
Mais il s'était promis, non, il s'était juré de ne jamais être comme lui. Il ne ferait pas les mêmes erreurs que lui. Il arriverait à sauver son destin. Il trouverait le bonheur. Il laissera pour de bon le passé et s'occupera de demain. Il prendra soin des jours à venir. Il le devait s'il ne voulait pas devenir ce qui le répugnait plus que tout au monde.

Il s'observa de nouveau dans le miroir. Non, ce qu'il voyait ici n'était qu'une apparence, ce n'était pas le reflet de son âme. Ce n'était pas lui.
D'un geste convulsif, il frappa le miroir qui se brisa en un millier de morceaux. Son poing saignait. Mais il ne ressentait pas la douleur. La vraie souffrance qu'il ressentait ne se voyait pas, elle était enfouie, quelque part en lui, mais il n'arrivait pas à la retirer.

Il menerait sa vie comme il le voudrait.
Il arrêtera d'avoir peur du temps qui passe.
Il arrêtera d'être angoissé en voyant les autres.
Il ne suivrait pas les mêmes pas que lui.
Il n'était pas lui.
Il est Aris Mollet.

La Première Dame Where stories live. Discover now