L'épreuve

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Le temps vient de s'arrêter. Plus un mouvement, plus un geste, plus une respiration, plus un mot.

- A l'avenir, prévenez-moi lorsque vous vous apprêtez à faire une telle folie !

Amandine ne l'entendît pas. Ses oreilles sonnaient. Le paysage bougeait dans tous les sens. Son corps, presque entièrement allongé sur le sol glacial, se changea en pierre. Sa joue droite la brûlait au plus au point. Sa respiration et son cœur semblaient s'être arrêtés.

- Amandine ?
Elle ne réagit toujours pas.
Qu'est-ce qu'il venait de se passer exactement ?
- Amandine ?  

Elle tourna la tête, très lentement, en direction de son mari. Il lui tendait une main.
Instinctivement, elle émit un mouvement de recul. Son âme entière lui hurlait de se tenir le plus loin possible de cet homme.

Soudain, M.Mollet changea brutalement d'expression. D'un visage qui montrait la hargne et la colère à l'état brut, il passa d'un visage désolant et abattu. Il ressemblait à une tout autre personne. Il semblait s'être rendu compte, tout à coup, de la gravité de son geste. Ses yeux scintillaient, comme
s' il voulait pleurer. 
D'un mouvement délicat, il plia ses genoux et s'assit à même le sol, face à Amandine. Celle-ci recula davantage. Elle voulait s'enfuir, mais lorsqu'elle essaya de se relever, ses jambes n'en eurent pas la force.

- Je suis désolé.

Sa voix était étonnamment douce pour une personne ayant des cordes vocales graves.
Amandine était tellement épouvantée qu'aucun son ne sortait de sa bouche.

- Excusez-moi. Je ne sais pas ce qui m'a pris. Je vous promets que je ne recommencerai pas. Évidemment que vous avez le droit de faire ce que vous avez fait. La constitution vous l'autorise. Simplement, il aurait été préférable de venir m'en parler avant, je suis votre mari, après-tout.
Au fur et à mesure de son discours, Amandine équarillait de plus en plus ses yeux. Elle n'en revenait pas.
- Je regrette sincèrement ce que je viens de faire. 

A ces mots, elle se détendit quelque peu. Elle pouvait voir à quel point il semblait franc dans ses excuses. Elle n'avait jamais vu autant d'humanité dans ses traits de visage. Il avait les yeux larmoyants. Et, il vrai qu'elle aurait peut-être dû lui en parler avant, mais cela n'excuse pas la gifle.
Elle retrouva sa respiration, ses esprits et sa parole.

- Plus jamais.
M.Mollet mit une main sur son coeur et répéta :
- Plus jamais.

Cette nuit-là encore, Amandine ne trouva pas le sommeil. Elle ruminait sans pouvoir s'arrêter. Elle se refaisait la scène encore et encore. Tout s'était déroulé à une vitesse fulgurante.
Mais qui était réellement cet homme ?

Au début, il était inexpressif, complètement imperceptible, puis il fût menaçant, violent, et enfin doux comme un agneau. C'était la première fois qu'une personne mettait la main sur elle. Elle en était encore bouleversée, sa joue avait gardé une trace rouge.

Pourtant, le regard de M.Mollet était plein navrement. Entre les deux, ce fût peut-être lui le plus ébranler. Il lui avait dit " je suis votre mari après-tout".
Cette phrase, Amandine la trouva étrange sortit de sa bouche. Il était son mari, mais il n'a jamais exercé son rôle comme tel. Mais elle non plus d'ailleurs, n'a jamais exercé son rôle d'épouse convenablement.

Elle sentait qu'il régnait un non-dit entre eux. Et elle ne savait pas comment le retirer.  Elle avait la sensation que M.Mollet lui cachait quelque chose.
Peut-être que cette altercation lui permettra de s'ouvrir un peu plus ?
Des picotements vinrent envahir le crâne d'Amandine, il faut vraiment qu'elle se repose un peu. Demain, ce sera sa première journée de travail.

La Première Dame Where stories live. Discover now