Chapitre 2

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Je suis assise dans cette salle d'interrogatoire depuis plus d'une heure et je commence à m'ennuyer ferme. Comme à chaque fois, je détaille la pièce dans laquelle je me trouve en jouant aux sept différances avec la salle d'interrogatoire précédente. Cette fois-ci, la liste est très courte : il y a deux caméras de surveillance au lieu d'une, trois chaises au lieu de deux et je suis menottée à la table alors que j'avais les mains libres la dernière fois. Au bout de ce qui me paraît être une éternité, un homme et une femme entrent dans la pièce. Le policier jette un dossier sur la table et s'assois lourdement, imité par sa collègue, un peu plus élégante. L'homme me scrute sans rien dire et je me cale sur ma chaise d'un air nonchalant : je n'ai strictement rien à me reprocher. La policière, mal à l'aise, lui lance un regard insistant. Son collègue se penche en avant et croise les mains sur la table de fer.

- Savez-vous pourquoi vous êtes là ?

- Non Monsieur.

Il n'a pas l'air surpris le moins du monde. En même temps, il doit en voir passer des gens bizarres.

- Vous êtes ici, reprend-il, parce que vous avez tenté d'échapper à mes hommes suite à un accident de voiture.

Je manque de m'étouffer, je rêve ou il pense que c'était moi qui étais au volent de cette foutue Lamborghini ? Sa collègue intervînt d'un ton posé :

- Nous avons juste besoin de savoir si vous savez quelque chose au sujet de cet accident.

Je m'apprête à leur balancer le nom du conducteur mais je me rappelle au dernier moment les avertissements de « Chef ». Il m'avait assuré que je serais surveillée. Je décide donc de fermer mon clapet et d'opter pour le mode « je ne sais pas de quoi on parle ».

- Hormis le fait que le crash a eu lieu sous ma fenêtre, je ne sais rien à ce sujet.

- Vous n'avez vu personne sur le lieu du crime, insista l'inspecteur, ou quelque chose qui pourrait nous être utile ?

- Je n'étais pas là quand cette Lamborghini s'est explosé le pare-brise sous ma fenêtre, mentis-je.

- Et où étiez-vous ?

- Je vous l'ai dit : sortie prendre l'air. Oui à une heure pas possible, oui en pyjama et oui sous la pluie. Ce n'est pas de ma faute si je suis insomniaque !

L'inspecteur à l'air embarrassé et interroge sa collègue du regard. Je me demande si je n'ai pas un peu dépassé les bornes quand une secrétaire entre dans la pièce sans frapper.

- Suzanne, râla l'inspecteur, je suis occupé là, je sais que Madame Ipkiss a porté plainte pour tapage nocturne et je m'en charge dès que j'ai terminé mon interrogatoire.

- Oui justement Inspecteur... à ce sujet...

- Quoi encore ?

Pour toute réponse, la pauvre Suzanne lui tendit un téléphone. L'inspecteur le prends en marmonnant et sort de la pièce, suivi de sa secrétaire. Je me cale sur ma chaise et inspire à fond. J'observe discrètement la policière. Elle a les traits tirés et a l'air stressée. Je me demande sur quelle affaire elle travaille en ce moment quand l'inspecteur déboule dans la pièce et me détache les mains en grommelant quelque chose de pas très correct au sujet de son supérieur.

Suzanne me raccompagne à la porte et m'explique que quelqu'un a promis de livrer le coupable en échange de ma libération. Cette nouvelle me coupe le sifflet : qui, à part moi, connait l'identité, ou du moins le nom, du chauffard ? Lorsque la porte du commissariat claque dans mon dos, je me retourne, hébétée. Je cherche parmi mes connaissances, une personne qui pourrait avoir suffisamment d'influence et de pouvoir pour me faire sortir du guêpier dans lequel je me trouvais trois minutes plus tôt.

Stone Heart MafiaWhere stories live. Discover now