Chapitre 34

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J'ouvre péniblement les yeux en priant pour que tout ceci ne soit qu'un mauvais rêve. Je suis à l'hôpital, couchée dans un lit aux draps blancs. J'ai un cathéter au bras gauche et des électrodes sur la clavicule.

- Mia ?

Je tourne la tête vers ma mère, assise sur une chaise à ma gauche. Son regard est triste, vide.

- Comment tu te sens ?

Je réfléchis à la question. Je ne sais pas ce que je ressens : je ne suis ni triste, ni en colère, je ne ressens rien de particulier.

- Je ne sais pas maman.

- Tu as eu beaucoup d'émotions, murmure-t-elle, repose-toi d'accord ?

Je hoche la tête et glisse une main sur mon ventre rebondi. Je respire lentement tandis que mes yeux se ferment, en proie au sommeil. Soudain, une douleur aigue irradie mon ventre et m'arrache un cri strident. Gabriel qui dormait à ma droite bondit de sa chaise et se précipite vers moi. Un infirmière entre sans frapper, alertée par mon cris et nous demande si tout va bien. Les larmes inondent mes joues à nouveau tandis que la douleur dans mon ventre reprend de plus belle. Je gémis en essayant de trouver une position confortable mais c'est mission impossible. Thomas, qui travaille à mi-temps à l'hôpital, accourt dans ma chambre et ferme la porte derrière lui. En quelques gestes précis, il annonce son diagnostic :

- Gabriel, il va falloir l'emmener au bloc.

- Pourquoi, qu'est-ce qui se passe ?

- Les émotions de tout à l'heure cumulées avec son malaise ont déclenché les contractions. Elle va accoucher.

- D'accord, fais ce qu'il faut. Evelyne, restez ici, je vous rejoins.

Comment ça ? Il ne reste pas avec moi ? Thomas semble lire mon affolement et me rassure :

- Etant donné la situation Madame, il est préférable de vous endormir et de pratiquer une césarienne.

Je soupire en comprenant que je ne vais (presque) rien sentir. Thomas sort une seringue et un flacon de sa poche. Connaissant mon aversion pour les aiguilles, il me pique avant même que j'ai eu le temps d'avoir peur. Je m'endors en sentant Gabriel m'embrasser.

+++

Lorsque j'ouvre les yeux, la première chose que j'entends c'est la voix de ma mère :

- Ne pleure pas mon grand. Regarde : ta maman s'est réveillée.

Elle tient mon fils dans ses bras et lui murmure des paroles rassurantes. Je me redresse en grimaçant à cause de ma cicatrice et tourne la tête à la recherche de Gabriel. Il n'est pas là. Je me tourne vers ma mère et lui lance un regard interrogateur.

- Maman, où sont Gabriel et Tiago ?

Ma mère se lève et pose mon bébé sur mon ventre. Liam avait faim, c'est pour ça qu'il pleurait. Il se met à téter goulument tandis que j'interroge de nouveau ma mère, tout à coup devenue bien silencieuse. Elle finit par me répondre en fuyant mon regard.

- Gabriel et Tiago sont en salle de réanimation.

Je la regarde avec des yeux ronds et serre Liam contre mon cœur. Je me remets à pleurer. Quand le sort s'acharne, c'est difficile de rester de marbre.

Gabriel

Quand j'ai vu l'infirmière arriver dans la chambre, je suis immédiatement sorti. Je n'ai pas voulu inquiéter Evelyne. Mia va bien et c'est une très bonne nouvelle. La mauvaise nouvelle, c'est que Tiago a souffert pendant le malaise de Mia et qu'il a besoin de soins en urgence. Je vois un infirmier pousser le lit de Mia, suivi d'un de ses collègue qui porte un berceau en plastique. Après avoir embrassé Mia, toujours dans les vapes, et Liam, endormi lui aussi, je suis l'infirmière jusqu'à la salle de réanimation où Tiago a été emmené. Je ne m'inquiète pas pour Liam : Evelyne saura quoi faire et Mia a l'avantage de l'instinct maternel. Par contre, Tiago est tout seul pour ses premiers pas dans le monde et ça, ce n'est pas bon.

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