Chapitre 42

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- Gabi ?

- Hmm...

- Tu sais où sont Enzia et Léo ?

Mon mari me serre un peu plus fort et je sens que je ne vais pas, mais alors pas du tout apprécier la suite.

- Comme ils sont français, ils ont été transférés à la prison de la Santé. Et Matilde a été placée.-¾ Ils n'ont pas osé, dis-je en me redressant vivement, elle connait à peine ses parents !

Gabriel me ramène doucement contre lui et me caresse les cheveux en me promettant de trouver une solution. Enzia doit être dévastée.

Léo

Je suis dans ma cellule, allongé sur mon lit et je fixe le mur. J'écoute patiemment les hurlements provenant du secteur des femmes. Depuis que Matilde nous a été enlevée, Enzia n'est plus la même. J'entends un gardien lui crier de la boucler ce à quoi elle répond par un nouveau hurlement furieux. Un psychologue passe la voir deux fois par semaine mais personne ne l'écoute quand il dit qu'Enzia a besoin d'avoir sa fille auprès d'elle. J'attends. Ses cris sont de moins en moins forts, de plus en plus espacés. Finalement, quand plus aucun son ne parvient à mes oreilles, je devine qu'elle s'est endormie. Sans doute à même le sol et sans avoir touché à son repas. Alors, je me lève et appelle le gardien qui surveille mon couloir. Pour la énième fois je lui demande de me laisser voir ma femme et comme à chaque fois, il refuse sans même en parler à son supérieur. Je retourne sur mon lit, je ferme les yeux et prie pour qu'Enzia ne fasse pas de cauchemars cette nuit.

Enzia

J'étouffe. Quelqu'un me serre la gorge avec une force indescriptible. Je suis liée par des cordes et des plantes qui s'enroulent autour de moi comme des serpents. Devant moi, ma petite fille cueille des fleurs des champs comme j'ai toujours rêvé de la voir faire. Une femme s'approche d'elle et lui tend les bras en me lançant un sourire moqueur. Je voudrais crier, appeler, dire à Matilde que je suis là mais aucune son ne sort de ma gorge. J'essaie de me débattre mais plus je bouge, plus mes liens se resserrent. Des larmes mouillent mes joues tandis que la pression sur mon cou se fait plus intense.

+++

Je hurle une nouvelle fois, réveillant tout le quartier carcéral. Encore le même cauchemar. Je me recroqueville sur moi-même en attendant que les gardiens viennent me réprimander une nouvelle fois. Je sais que si je ne me calme pas, je vais finir à l'hôpital mais je ne peux pas me faire à l'idée que je ne peux plus m'occuper de ma fille.

Léo

Je ne sursaute pas quand je l'entends. Plus depuis longtemps. Toujours le même rêve, à la même heure. Une routine que la plupart des détenus et des surveillants ont dû mal à intégrer. Je soupire et rappelle le gardien pour lui redemander de me laisser aller voir Enzia. Avant que ce dernier n'ai pu me donner sa réponse négative, son supérieur arriva et ouvrit ma cellule sans un mot. Il me passe les menottes et me conduit dans le secteur des femmes, où un médecin a déjà été appelé. En le voyant, je fais fi des protocoles et me rue dans la cellule d'Enzia. Elle est là, allongé sur son lit, les mains en sang et la lèvre fendue. Menottes ou pas, je me débrouille pour la prendre dans mes bras et la berce doucement. Je sais ce qui s'est passé. Je n'ai pas besoin qu'on me l'explique. Enzia ne touchait jamais ses repas, aussi les gardiens n'ont-ils pas toujours pensé à vérifier s'il ne manquait rien lorsqu'ils récupéraient son plateau. Le médecin a bandé les poignets de ma femme et une dame de ménage entre dans la cellule pour nettoyer la flaque de sang sur le sol. Enzia avait gardé un couteau sous son oreiller. Elle a tenté de mettre fin à ses jours.

Stone Heart MafiaWhere stories live. Discover now