Chapitre 4

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Je consulte ma montre une énième fois et constate avec un soupir que l'aiguille des minutes n'a toujours pas bougé. Ma concierge de voisine surveille mes faits et gestes depuis que je suis passé devant sa porte. Fidèle à son poste, cachée par ses rideaux, elle m'observe sans doute en se demandant comment j'ai pu m'acheter une nouvelle robe alors que j'ai perdu mon job. Une voiture de luxe apparaît au coin de la rue et s'arrête pile devant moi. Angelo me tient la portière et me fait un clin d'œil quand je passe devant lui. Puis il remonte rapidement et démarre la voiture.

- Bonsoir ma belle !

Je sursaute en reconnaissant Gabriel. Il m'avait pourtant prévenue qu'il serait là mais il a quand même réussi à me surprendre.

- Bonsoir Gabriel. Dis, je peux savoir où on va ?

- Tu as besoin d'un job ?

- Tu m'as espionnée ?

- Non, surveillée : il y a une nuance.

- C'est quoi le job au juste ?

Il me sourit et s'adresse à Angelo en italien. Ce dernier tourne immédiatement à gauche et prends la direction de l'autoroute.

- Téléphone, me dit Gabriel en tendant la main, et papiers d'identité.

- Sérieusement ?

Il plonge son regard dans le mien et même si je jurerais voir danser une lueur de malice dans ses yeux, sa voix, elle, me glace le sang :

- Rien ne me dit que tu ne vas pas nous dénoncer.

- Je... si je vous dénonce je me dénonce aussi.

- Faux, dit-il calmement, tu seras innocentée pour avoir contribué à faire tomber une des plus grosses organisations criminelles d'Europe.

- Sauf que si je me mets à travailler pour vous, je me rends aussi coupable que toi.

- Je n'ai jamais dit que tu allais travailler pour nous, je t'ai dit que je t'avais trouvé un job.

- Pourquoi tu as besoin de mes papiers alors ?

Je sens que j'ai dit une boulette une seconde trop tard. Gabriel ne relève pas et se contente de tendre la main. Je lui donne mon portable et ma pièce d'identité en essayant de juguler la peur qui commence à pointer le bout de son nez. Je me rassure en me disant que j'ai toujours un moyen de prouver mon identité quand Gabriel tue mon dernier espoir :

- Ton passeport aussi Mia.

- Comment tu as su que je l'avais ?

Il sourit en l'enfermant dans une boîte à côté de mon portable et de ma carte d'identité.

- Je t'ai trouvé étrangement calme pour quelqu'un qui venait de perdre toute preuve de son existence, il passe une main derrière mon cou et m'attire à lui, maintenant je te sens plus agitée.

Il recule, le sourire aux lèvres et me tends une liasse de billets.

- Angelo va te déposer devant le poste de police. Tu rentres et tu occupes les flics pendant qu'on fait sortir Kyle de détention provisoire.

- Je croyais que tu avais dit que je n'allais pas travailler pour vous !

- Je t'ai dit que je t'avais trouvé un job, je n'ai pas précisé pour qui tu allais bosser. En plus, les flics ont eux-mêmes dit à la presse que tu n'avais rien à voir avec nous de près où de loin, tu seras la dernière à être soupçonnée.

Je devrais sans doute y réfléchir à deux fois mais le fait est que je n'ai pas trente-six solutions pour me sortir de ce pétrin financier.

- Je marche, dis-je d'un ton que je veux assuré je dois les tenir combien de temps les poulets ?

Stone Heart MafiaWhere stories live. Discover now