Eve princesse révolutionnaire S2

Épisode 16 : Une abjecte machination

Ma princesse n'est pas du genre à m'utiliser comme un vulgaire objet !

Mikael ravala les mots qu'il avait envie de leur cracher à la figure. Il savait qu'il lui était impossible de formuler une telle pensée ici. Eve semblait être la seule à lui apporter son entier soutien. Tous les autres membres de la famille impériale étaient pourris jusqu'à l'os et leurs esprits débordaient d'idées tordues.

De leur côté, Stefania et Derrick avaient déjà pris leur décision :

« Il est clair que Mikaelis Agnito ne répond pas aux exigences d'un chevalier attitré, commença Derrick.

— Et ce serait un déshonneur pour la famille impériale, si on laissait un homonculus défectueux errer dans le palais, continua Stefania.

— D'ailleurs la loi stipule que si un homonculus n'arrive pas à remplir les tâches inhérentes à sa fonction, celle-ci doit être réévaluée. Et satisfaire son maître, la nuit, n'est-il pas le plus important devoir d'un chevalier attitré ? Un homonculus incapable de le faire doit être rétrogradé.

— Tu as tout à fait raison, Derrick ! »

Depuis le tout début, leur objectif était donc de trouver une raison de le faire renvoyer du palais.

« Puisque son comportement pourrait presque être considéré comme criminel, il n'y a qu'à le rétrograder tout en bas de l'échelle, qu'en penses-tu ? On peut lui bloquer son circuit de mana et l'envoyer travailler dans les mines de pierres magiques pour le restant de ses jours.

— Oh, quelle excellente idée ! Père se faisait justement du souci à propos de la baisse de production des mines. Ce serait parfait d'y envoyer un travailleur supplémentaire ! »

Cependant, tout fils et fille d'empereur qu'ils étaient, rétrograder un homonculus n'était pas de leur ressort. Stefania et Derrick se rabattirent donc sur une autre solution, aussi ignoble que l'était leur infâme attitude.

« Comme j'aime à le répéter, rapidité est vertu. Arrangeons-nous pour que Mikaelis Agnito ait une bonne raison de quitter immédiatement le palais.

— Je suis d'accord avec toi. Et je suis sûre qu'Eve ne nous en voudra pas de lui donner un coup de main, puisque qu'on lui épargne cette basse besogne. »

Les yeux bleus de Stefania se posèrent sur le chevalier toujours maintenu au sol devant eux.

« Tout ce que nous avons à faire est de le mutiler. »

Mikael, pétrifié, se rendit compte que le danger qu'il courait n'avait jamais été aussi réel et imminent.

Ça se présente vraiment mal.

En tant qu'homonculus de la Garde Impériale, il ne pouvait se soustraire aux agissements des membres de la famille impériale, aussi violents ou injustes fussent-ils.

« Ritver. Snowlette. »

Les deux chevaliers attitrés comprirent aussitôt ce que l'on attendait d'eux et retirèrent leurs mains des épaules de leur victime. Le genou et la main de Mikael furent libérés de la pression qui les écrasait, mais il n'eut pas le temps d'en éprouver du soulagement, car il perçut le crissement des épées qui glissaient hors de leur fourreau.

Sa main alla instinctivement chercher la sienne, mais il réussit à maîtriser son geste avant d'en avoir saisi la poignée. Et bien lui en prit. En l'absence de sa maîtresse, il n'avait pas le droit de dégainer son épée. S'y serait-il laissé aller qu'il aurait immédiatement été accusé de vouloir attenter à la vie du prince et de la princesse, qu'il en ait eu effectivement l'intention ou pas. Une initiative, donc, qui revenait à leur tendre sa tête sur un plateau.