The Pilot Union

8| Quelque chose m'attire à te détruire

« J'ai entendu dire que quand on est perdu le mieux à faire c'est de rester où on est et d'attendre qu'on vienne vous chercher, mais personne ne pensera à venir me chercher ici. »

𝑨𝒗𝒂

Bang.

Le seul bruit d'un coup de feu éclate dans l'air.

Les pas de mon frère écrasent le sol en terre derrière moi. Les branches craquent sous ses baskets et il finit par se poster devant le canon de mon arme. Son corps imposant cache la bouteille de bière verte transparente posée sur un tronc d'arbre écrasé sur les feuilles mortes. Mon bras retombe le long de mon corps.

— Vise bien, déclare-t-il, avec froideur. Et surtout, ne te laisse pas désarmer.

Je ne pipe pas mot et relève mon Glock pour poser le bout contre la poitrine de Cameron. Son regard indifférent me sonde durement, tandis que je tente de rester impassible.

Une semaine.

Sept jours.

Cent soixante-huit heures.

Et il sera de retour.

— De toute façon, complète-t-il en faisant un pas de côté, t'auras pas besoin de t'en servir.

Mon frère sort son flingue, vise le milieu de la bouteille, puis décoche une balle en plein dans le mille.

Toujours en train de se la raconter.

— Tant qu'Eros ne sait pas que tu es ma sœur, tu es en sécurité avec lui.

— Vraiment ? m'étonné-je. Ça serait bien le seul de tes copains qui n'est pas fêlé du casque...

— Eros est différent, affirme-t-il, sûr de lui. Surtout avec les femmes. Il ne touchera pas un seul de tes cheveux. Mais, au pire, tu es équipé, pas vrai ?

Le ton sarcastique qu'il emploie lors de ses derniers mots me fait esquisser un rictus. Je soupire avant de m'éloigner pour m'asseoir sur un tronc d'arbre coupé à quelques mètres, près d'un ruisseau. Mais alors que le bruit de l'eau emportée par le courant berce mes oreilles, un nouveau coup de feu retentit. Je peine à retenir un hoquet de surprise. Sa violence m'empoisonne à chaque fois, elle se répand dans mes veines, comme un bon vin dans le sang.

Aussi, cette seule pensée retentit constamment : pourquoi suis-je comme lui ?

— Crawford va morfler, siffle-t-il entre ses dents. Ce connard a intérêt à courir vite.

Lorsque Cameron s'approche de moi, j'ai un mouvement de recul tandis qu'il s'abaisse pour récupérer une bière 1664. Mon souffle se coupe avant qu'il ne la décapsule d'un coup de briquet pour la porter à ses lèvres.

— Qu'est-ce qu'il foutait dans mon lycée, au juste ? m'enquiers-je.

— Son meilleur ami a une petite sœur, il a dû l'accompagner ou une connerie du genre.

Sans m'attarder sur ce détail, j'attrape une bouteille à mon tour et fais signe à mon frère de me passer le briquet. Je l'ouvre et en descends une bonne gorgée.

— Tu vas y arriver Ava, murmure-t-il presque pour lui-même. Je crois en toi.

Trop d'espoir pour pas grand-chose.

Pour des chimères qui ne lui rendront pas sa vie.

Pour des vendettas qui bousillent son existence.