3| Vous connaissez les règles : pas d'armes, pas de portables, pas de flics.

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« Mais je n'ai aucune envie d'aller chez les fous !

– Oh ! vous ne sauriez faire autrement, tout le monde est fou, ici. »



𝑨𝒗𝒂



— Je veux les réponses pour demain matin au plus tard, lâche mon frère en récupérant une bouteille de whisky du frigo.

Je pioche ma fourchette dans le plat de pâte – si on peut appeler ça des pâtes – carbonisé et sec que mon frère a pris soin de me préparer avant que je ne rentre des cours. Le goût infecte de la sauce tomate me fait douter de la fraîcheur des aliments. Je relâche mes couverts dans un bruit sourd qui fait grimacer Cameron, tandis qu'il me fait signe de faire moins de bruit.

— J'en ai rien à foutre, grogne-t-il en se servant un verre, demain matin Thane.

Je préfère me crever les yeux que bouffer ça.

Une fois sur mon téléphone je scroll les pizzerias, puis passe commande. Mon frère s'avance et finit par raccrocher avant de s'asseoir de l'autre côté de l'îlot central. Un long soupir s'éclipse de ses fines lèvres tandis que ses iris gris s'assombrissent, agacé. Sa tête tombent dans ses mains avant que son poing ne s'écrase sur le marbre noir dans un fracas. Aucune réaction ne m'échappe tant je suis accoutumée à ses sautes d'humeurs répétitives.

Il en devient ridicule.

— Qu'est-ce qui t'arrive, Cam ? osé-je lui demander.

Un nouveau coup retentit et m'arrache un frisson, les murs pourraient trembler ; comme chaque fois que mon frère replonge dans ses accès de colère.

Ce qui, en fin de compte, arrive bien plus souvent qu'il ne le voudrait. La psychiatre recommandée s'est vite envolée, la sortie de prison n'était pas sans condition. À la hauteur du crime, je suppose. Je me doute bien des raisons qui l'ont envoyé derrière les barreaux, bien qu'on ne les évoque pas.

Sujet sensible.

Sa place réside toujours en prison, si vous voulez mon avis.

— Il m'arrive que je bosse avec des incompétents.

Mes lèvres gercées s'entrouvrent dans un soupir presque inaudible, tandis qu'il avale le liquide ambré d'une traite, puis se ressert.

Ses addictions toujours aussi tenaces.

Lorsque je suis partie pour Bel Air, il était différent. L'homme qui se tient devant moi, ne ressemble en rien au Cameron que j'ai connu plus jeune. Celui qui écoutait mes plaintes sans jamais s'en lasser, me protégeait à mon entrée au collège, lorsque les lycéens s'en prenaient à moi. Celui qui m'a sauvé la vie.

Ce psychopathe névrosé n'est pas mon frère.

— C'est encore à propos des courses illéga...

Cameron me fait signe de me taire d'un geste de la main avant de m'indiquer mon téléphone portable entre mes mains, puis de gigoter le sien.

Bien évidemment, sa paranoïa refait surface. Personne ne nous écoute, imbécile.

— Ta rentrée s'est bien passée ? s'enquiert mon frère d'un air faussement concerné.

Silencieuse, je récupère son portable, et le dépose sur la table basse du salon, avant de m'acheminer dans la cuisine, pour faire face à mon frère, la tête plongée dans un document.

— Alors, ces courses illégales, t'en es où ?

— J'arrive près du but soeurette, je n'ai plus qu'une seule personne à convaincre. Et ça ne sera pas compliqué.

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