Chapitre 2.2

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Il doit être pratiquement vingt-heures lorsque j'ouvre les yeux.

Mon téléphone a vibré plusieurs fois mais je n'avais jusque là aucune envie de me réveiller. Mais une vibration plus longue m'a forcé à y jeter un œil. Je fais défiler les notifications sur mon vieil écran fêlé. Un numéro inconnu, un 06, et la mémoire qui me revient comme un coup en pleine figure.

Je devais voir Merle ce soir.

Je bondis sur mes pieds, faisant tomber ma chatte au passage. En courant vers la salle d'eau, je rappelle le numéro qui a essayé de me joindre à peu près huit fois. Trois sonneries, pas de réponse, je raccroche. Téléphone dans une main et brosse à dents dans l'autre, je fixe mon portable dans l'attente d'un énième coup de fil. J'ébouriffe mes cheveux en guise de coiffure et jette de l'eau froide sur ma face pour me tirer une bonne fois pour toute des bras de Morphée.

Dans la foulée, je retourne l'armoire pour trouver quelque chose de potable à me mettre sur le dos. Une chemise noire et une paire de jeans brut feront l'affaire. Mais alors que je m'enveloppe d'un nuage de parfum, mon téléphone vibre une autre fois. Un SMS.

《 Ton adresse ?》

Et tandis que je tape le numéro ainsi que le nom de la rue, un autre message arrive.

《Stp :)》

Je souris bêtement. Je n'ai pas eu énormément de rancard pendant la fac. Même si on ne peut pas dire que ce soir soit un rancard. Ou alors c'en est un ? Je sais pas.

Je me pose trop de questions, comme d'habitude.

Un dizaine de minutes plus tard, l'interphone sonne. À la caméra, le visage de Merle, qui ressemble à celui de ces petits angelots sur certaines œuvres. La gueule d'un mec a qui on donnerait le bon dieu sans confession.

Il est maintenant presque vingt heures trente. À part des restaurants, je ne sais pas quel autre établissement pourrait être ouvert un mercredi soir. Ou, autre éventualité, je me trompe totalement dans les intentions de Merle, qui va se pointer chez moi avec deux cartons pleins de comptes-rendus comme je lui avais proposé.

Je vais vite être fixé.

J'ouvre ma porte d'entrée avant même que mon collègue n'ait le temps de frapper. Le légiste paraît d'abord surpris, puis gêné. Il se dandine d'un pied à l'autre, les mains vides.

Pas de lecture pour ce soir.

– Tu peux entrer une minute.

Ma fidèle compagne pointe le bout de son museau, ronronnant comme une vieille locomotive, en se frottant aux chevilles de Merle. Je n'ai pas un accueil aussi chaleureux quand je rentre, moi.

– Wundt, viens là, tu vas lui mettre des poils partout.

En transe, la vilaine bestiole se roule maintenant aux pieds de mon invité, qui s'empresse de lui gratouiller le ventre, encore à moitié entre le couloir et mon appartement.

– Mais qu'il est mignon ce petit chat !

J'ai compris pourquoi Merle porte des lunettes, il est aveugle.

– Wundt, mignonne ? Tu as des goûts bien étranges, Merle.

– Sans doute pas autant que celui qui a nommé cette pauvre mimine "Wundt".

Je lève les yeux au ciel, mi amusé mi piqué au vif.

Merle sourit de contentement avant d'enjamber l'animal pour pénétrer dans l'appartement. Wundt, lassée, retourne vaquer à ses occupations de chat, c'est-à-dire dormir et se lécher les fesses sur le canapé.

– Désolé de ne pas t'avoir répondu, je m'étais endormi.

Et maintenant que j'y repense, je n'ai pas fait le ménage en me réveillant. Les cadavres des trois bières traînent encore sur la table basse. Mon dictaphone et les écouteurs sont posés au sol. Et le pire dans tout ça, la vaisselle accumulée depuis plusieurs jours dans l'évier.

La hon-te.

Je commence à ramasser le foutoir tandis que Merle s'appuie contre la table haute qui sépare la cuisine ouverte du séjour.

– J'ai commencé à dresser le portrait du Cobra et une idée m'est venue. Il faut que j'en parle aux deux flics.

– Raphaël, on va sortir et se détendre. Pas parler boulot, d'accord ?

Je me redresse, embarrassé. Il m'est difficile de me concentrer sur autre chose lorsque mon cerveau est dans une telle ébullition. Je pense et ressasse les affaires du Cobra en boucle sans m'arrêter dans l'espoir de le percer à jour. J'ai dû mal à faire la part des choses entre vie pro et vie perso. Malheureusement, ma mère ne m'a pas livré avec un bouton on/off.

– Excuse moi, Merle. Je suis vraiment nul. Tu as prévu quelque chose pour ce soir ?

– Il n'y a qu'un seul bar ouvert en cette période. Pas mal guindé mais on y a nos habitudes avec les collègues.

– D'où la chemise blanche et les bretelles, j'imagine. Il faut que je me change ?

Le rouquin secoue la tête de droite à gauche en guise de réponse.

Le nettoyage attendra plus tard. J'embarque une sacoche avec mes papiers et de quoi payer quelques verres puis je fais signe à Merle qu'il est temps d'y aller.

Il l'a dit, il va dans ce bar avec ses collègues.

C'est un pot entre collègues. Rien de plus.

Je m'entraîne à le répéter pour Angie quand elle me questionnera. Cette harpie sait tout.

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⏰ Última actualización: Dec 10, 2023 ⏰

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Royal Cobra (Tome 1)Donde viven las historias. Descúbrelo ahora