Lorsque le père d'Ellie les oblige à déménager au fin fond de l'Écosse pour son travail, la jeune fille est dévastée - elle laisse derrière elle ses amies de Nantes pour la froide campagne des Highlands. Il y pleut en permanence, les jeunes du coin...
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Après avoir dit au revoir à Nessie et l'avoir laissée disparaître dans les eaux du Loch Ness, les trois restèrent là, à fixer les eaux noires du lac et le ciel plongé dans la pénombre.
- Bon, eh bien je crois qu'il ne nous reste plus qu'à rentrer chez nous, souffla Elisabeth.
- On est de l'autre côté de Drumnadrochit, fit remarquer Sophia. Rentrer à pied va nous prendre des heures, et on est au beau milieu de la nuit.
En effet, le passage qui menait d'un lac à un autre se trouvait sur la berge d'en face, non loin du hameau d'Inverfarigaig, où ils s'étaient arrêtés quelques semaines auparavant pour partir à la recherche de la claymore. Le chemin était impossible à parcourir à pied, c'était l'équivalent d'une journée de randonnée qu'ils ne pouvaient se permettre d'effectuer en étant affamés et complètement épuisés.
- Je pourrais appeler mon père pour qu'ils viennent nous chercher ?
Les adolescents hésitèrent. Maintenant que tout était terminé, aucun d'eux n'avait envie de subir la colère des adultes.
- On devrait déjà aller jusqu'à Inverfarigaig. Ce sera plus facile d'être récupérés par quelqu'un dans un endroit connu, plutôt qu'au bord du loch en pleine nuit, proposa Théodore.
Les filles acquiescèrent. Ellie se baissa pour ramasser le grimoire qu'elle rangea soigneusement dans son sac. Elle fixa les trois claymores abandonnées au sol.
- On doit les garder, n'est-ce pas ?
Elle releva les yeux, fixant ses amis.
- C'est toujours notre mission. Rien n'est terminé, souffla Sophia. Ces terres auront encore besoin de nous.
Son regard brillait et elle semblait vouloir ajouter quelque chose avant de se raviser, secouant la tête. Elisabeth n'avait aucun mal à deviner ce à quoi elle était en train de penser - le départ prochain de la jeune Nantaise qui allait retourner en France sans un regard en arrière... sans savoir que cette dernière n'en avait plus du tout envie.
Ils décidèrent de ramasser leurs armes avant de prendre la route, marchant d'un pas traînant jusqu'au hameau. Le petit pâté de maisons n'était pas si loin, et Ellie reconnut sans mal l'arrêt de bus qu'ils avaient pris la première fois qu'ils étaient venus. Épuisée, elle s'affala sur le petit banc métallique qui se trouvait sous l'abri recouvert de publicités décolorées par le soleil. Un seul lampadaire illuminait leurs visages d'une lueur orange. Théodore s'installa sur sa gauche, Sophia sur sa droite. Ils étaient toujours trempés et sentaient la vase... mais ils avaient réussi.
- Je ne parviens pas y croire, fit soudain le blond. C'est comme un rêve.
Il baissa les yeux sur ses mains crispées sur sa veste trempée, jouant avec la fermeture d'un geste distrait.
- J'ai toujours pensé que... que tout ce qui était magie était une pure invention. Quelque chose de ridicule, que les gens utilisent pour se sentir mieux avec leur vie sans le moindre intérêt, mais maintenant...
