Chapitre 23

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Axelle.


Ça t'intéresse de venir voir la France au hand demain soir avec moi ?

J'ai une place en plus

Après je comprends si t'as d'autres trucs de prévus...

Mais j'aurais bien aimé te montrer ce que tu loupes en évitant le hand ;)


Je relis encore une fois les messages de Martin sans savoir quoi lui répondre. Allongée sur mon lit, je fixe comme une idiote mon téléphone, réfléchissant aux options qui s'offrent à moi.

Il m'a accompagné à la librairie et à la fête foraine, pourquoi refuserais-je sa proposition quand rien ne l'a obligé à me suivre samedi ?

Je souffle de frustration, tiraillée par la peur. Peur de m'accrocher encore plus à lui après cet après-midi incroyable. J'entends déjà la voix de Sofia me disant qu'elle m'avait prévenue, que c'était le destin. Sauf que si elles, elles s'imaginent mille scénarios, je ne me fais aucune illusion. Il n'y aura jamais rien de plus entre nous. C'est impossible. Une fois qu'il rentrera à Montpellier, il n'en gardera qu'un lointain souvenir.

Tu sais, Montpellier et Barcelone, c'est à côté, me dirait Léane pour agrémenter les paroles de mon amie espagnole.

Hésitante, je me tâte à passer un appel à l'une des deux pour plus de conseils. Mais la réponse sera la même : fonce et après tu aviseras. Sauf que je ne peux pas faire ça. Ce n'est pas mon style d'avancer tête baissée vers l'inconnu. Sans compter que les mots de Pablo sonnent toujours en résonance au fond de mon âme. Pourquoi penserait-il différemment après tout ? Je suis juste moi, quand lui est un sportif professionnel.

Sans réfléchir plus longtemps, je finis par répondre à sa proposition. Le message envoyé, mon portable vole loin sur mon lit. Pourquoi diable ai-je accepté ? Pour profiter de sa présence. Pour apprendre à le connaître plus. Pour que finalement dans une semaine, je disparaisse de sa vie. Et mon cœur se serre à cette simple évocation. Certes, ma quotidien à Barcelone me manque. Mais en même temps, ce serait mentir de dire que cette dernière semaine, je ne l'ai pas apprécié. Plus que je ne le devrais. Et Martin, contre toute attente, est celui qui l'a illuminé. Qui m'a fait oublier un instant tous mes problèmes. L'université. Mon père. Pablo.


*


Je crois que je n'ai jamais trouvé une journée aussi longue. L'appréhension de la soirée a dû se faire sentir par les remarques taquines de Julien. Malgré les séances, mon esprit est resté tourné vers le match. Je n'arrive pas à mettre des mots sur ce que je ressens réellement. J'ai envie de passer du temps avec Martin, de le découvrir lui, pas la facette du handballeur impulsif, lui-même, mais je redoute de m'accrocher à quelque chose d'inatteignable. Un trop gros gouffre existe entre nous ne serait-ce que pour envisager une suite.

— Tu veux que je te dépose au Palais des Sports ? me propose le kiné.

En remettant à sa place les élastiques et les balles pour les séances de demain, je songe à l'offre. Il est vrai que dans un sens, nous nous dirigerons tous les deux au même endroit. Comme beaucoup de handballeurs finalement. C'est un rendez-vous immanquable pour tous les fans. Et entre y aller en bus ou être amené, le choix est rapidement fait, je ne vais pas me mentir. Si je peux m'éviter la cohue des transports et les bouchons en décidant d'accéder en voiture au Palais des Sports, je fonce, sans réfléchir plus longtemps.

Heart MatchWhere stories live. Discover now