Chapitre 30

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Axelle.


Qu'est-ce que je fais là ?

Cette question tourne en boucle depuis que j'ai posé un pied à Montpellier. Pourquoi ai-je accepté la proposition de Thibaut ? Ce n'est pas mon monde. C'est celui de mon père. Celui de Martin. Alors pourquoi ai-je fini par prendre un billet de train pour voir ce match ? Je me le demande encore. Qui peut m'assurer que je suis la bienvenue ? Thibaut peut m'affirmer que je le suis, je n'arrive pas à le croire.

Je ne veux pas le croire.

Je redoute la réaction de Martin. Ces derniers jours, j'ai ignoré ces messages et ces appels. Je ne pouvais pas entendre parler de lui. Son départ sonnait comme un abandon. J'ai beau savoir qu'il retournerait chez lui, j'osais espérer que je serais rentrée à Barcelone. Que les adieux aient été préparés, pas si soudain. C'est égoïste de ma part. Le hand, c'est toute sa vie. Jamais je ne serais passée avant, c'est indéniable. Je ne peux même pas lui en vouloir. Il mérite de suivre sa passion.

Une nouvelle fois, j'observe mon portable et le message reçu. Thibaut s'excuse de ne pas pouvoir être présent à la gare. Les dernières mises au point l'obligent à rester avec l'équipe. Il a cependant insisté pour que je ne me rende pas seule au gymnase, surtout avec mes affaires. Mon retour étant initialement prévu demain, j'ai avancé d'une journée mon départ, je n'avais donc pas d'autre choix que de rejoindre la ville accompagnée de mon sac. Sauf que pour le match, ce n'est pas le plus agréable.

Je n'ai aucune idée de la personne qui doit me récupérer. J'ai essayé de lui dire que ça irait. Ce n'est pas si grave, après tout, dans le pire des cas, je me serais débrouillée. Je ne suis pas non plus chargée au maximum. La majorité de mes affaires n'ont pas quitté Barcelone. Mais il n'a rien voulu entendre. Je me retrouve donc devant la gare à la recherche de quelqu'un dont je n'ai aucune information. Comment suis-je censé savoir qui m'amènera au gymnase ? Aux dernières nouvelles, je ne suis pas encore divin.

Un bâillement s'échappe de mes lèvres. Le trajet a été long. Un peu plus de six heures de train, mes jambes engourdies me crient qu'elles envisagent juste se poser dans un lit confortable. Et j'avoue que l'idée n'est pas déplaisante. Elle est même très tentante.

— Tu dois être Axelle, n'est-ce pas ?

Les paroles s'infiltrent dans mon esprit, mais résonnent comme un écho lointain, presque étouffés par le tumulte de mes émotions intérieures. Je resserre inconsciemment ma prise sur mon sac, me sentant soudainement vulnérable devant cette étrangère qui semble si familière. Thibaut aura des comptes à rendre après ce match, peu importe le résultat. Il n'échappera pas à mes reproches.

Je reste muette, incapable de trouver les mots appropriés en présence de cette femme. Mes idées s'entrechoquent, mes émotions se bousculent. J'ai évité de penser à Martin ces derniers jours, de peur de me laisser submerger par le chagrin. Et maintenant, sa mère se tient devant moi, comme un rappel poignant de ce que j'ai fui.

Je ne m'attendais pas à cette rencontre, elle n'était pas dans ma liste pour cette soirée. Pourtant, son visage m'évoque irrémédiablement celui de Martin. La ressemblance est trop frappante pour être ignorée, trop évidente pour être le fruit du hasard. Mon cœur se serre douloureusement dans ma poitrine, confronté à cette réalité que je ne désirais pas affronter.

Un faible « oui » sort de ma bouche alors que je détourne le regard, gênée. Un sourire éclaire son visage. Malgré les traits identiques avec son fils, elle apparaît plus chaleureuse, moins renfermée à l'inverse de Martin.

Heart MatchWhere stories live. Discover now